Vous en reprendrez bien une petite louche ?

08/06/2020

1 min

Le marché attendait 500 milliards ? La BCE a décidé d’être plus offensive, lors de sa réunion de jeudi dernier, en annonçant une augmentation de 600 milliards d’euros de son programme d’urgence de rachat d’actifs le portant ainsi à 1 350 milliards au total. Après tout, la BCE n’est pas à 100 milliards d’euros près. La période d’achat a également été étendue de 6 mois jusqu’à fin juin 2021, tout en précisant que cette période pourrait être prolongée « jusqu’à ce que le Conseil des Gouverneurs juge que la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 [est] terminée ». Même si la banque centrale européenne n’a pas suivi la FED qui avait décidé d’inclure les « Fallen Angels » dans son programme, et n’en a même pas parlé selon le communiqué, ses décisions, prises à l’unanimité, ont porté davantage la tendance haussière des marchés. La BCE a également profité de cette réunion pour mettre à jour ses prévisions de croissance et d’inflation, naturellement revues fortement à la baisse. Ainsi, la croissance prévue en zone euro pour les trois prochaines années ressort à -8.7% pour 2020, +5.2% pour 2021 et +3.3% pour 2022 (contre respectivement +0.8%, +1.3% et +1.4% lors des dernières prévisions de mars). Avec ces niveaux de croissance, il faudrait donc attendre 2023 pour revenir au PIB pré-crise… Les prévisions d’inflation ont également été revues à la baisse pour les trois prochaines années, le choc actuel étant bien déflationniste, permettant ainsi à la BCE de justifier pleinement ses actions notamment vis-à-vis de la Cour de Karlsruhe.

Parmi les autres bonnes nouvelles, la très bonne surprise des chiffres de l’emploi américain, largement au-dessus des attentes, et qui laissent penser à un rebond plus rapide que prévu de l’économie américaine. Avec la réouverture progressive de l’économie, de nombreuses entreprises ont en effet pu reprendre une partie du personnel licencié. Ainsi, le taux de chômage ressort à 13.3% contre 14.7% en avril et 19% attendus avec une remontée du taux de participation. La surprise sur les créations d’emplois est encore plus impressionnante avec 2.5M de créations sur le mois contre -7.5M attendus ! Ces chiffres sont néanmoins à prendre avec prudence, le BLS (Bureau of Labor Statistics) ayant admis des difficultés pour collecter les données avec un biais méthodologique qui sous-estime le vrai niveau du chômage. Par ailleurs, le BLS a également mis en garde contre le nombre de faillites en cours qui pourrait peser sur les chiffres futurs. Ces chiffres qui restent, malgré les remarques méthodologiques du BLS, bons ont permis à Donal Trump un tweet dont il a le secret « Great going President Trump ». Rappelons toutefois que les défauts d’entreprises sont au plus haut aux USA depuis 2009 et que les agences de notation de crédit continuent de dégrader de nombreuses entreprises… Si la reprise économique prendra du temps, la reprise financière est indubitablement en « V » avec un S&P 500 à quelques encablures de l’équilibre depuis le début de l’année et des marges de crédit revenues sur des niveaux beaucoup moins attractifs qu’il y a quelques mois. La fête continue donc pour le moment mais jusqu’à quand ?

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