Si la volatilité tend légèrement à se calmer sur les marchés financiers, l’actualité reste, elle, toujours riche. La semaine a ainsi commencé par un évènement conceptuellement troublant, dont seule la finance à le secret, avec le prix du WTI, la référence américaine du pétrole, qui a plongé pour la première fois en territoire négatif. Aux déséquilibres offre / demande qui pèsent sur les cours du baril est venu s’ajouter un facteur technique, l’expiration des contrats futures échéance mai. Ainsi les investisseurs long pétrole sur ces échéances ont préféré vendre leurs positions à perte plutôt que de recevoir une livraison physique qu’il aurait été difficile (et très coûteux) de stocker, les capacités de stockage étant proches de la saturation. Cette situation risque de se reproduire à l’échéance des prochains contrats en juin. Le poids de l’activité pétrolière aux Etats-Unis est un facteur de crainte, et Donald Trump a commencé à agiter le chiffon rouge pour tenter de maintenir les prix du baril : plan de relance pour l’industrie pétrolière, menace de taxe sur les importations et retour des tensions géopolitiques avec l’Iran. Cependant, une stabilisation durable des prix du baril passe par une reprise de la demande, qui devrait être progressive d’ici la fin de l’année, alors que le surplus d’offre reste massif malgré les réductions négociées par les pays de l’OPEP+ et alors que les régulateurs du Texas ont repoussé leur décision de couper la production à début mai.
Au niveau macroéconomique, l’Europe confirme, une fois n’est pas coutume, qu’elle sera le dindon de farce de cette crise sanitaire. Les prévisions de croissance de croissance publié par le FMI la place bonne dernière des principales zones avec -7.5% de croissance attendue pour cette année et un rebond de seulement 4.7% en 2021, impacté par les pays de Sud. Les PMI préliminaires publiés pour le mois d’avril confirment le trou d’air : 10.4 pour le PMI des services français (contre 24.5 attendu) et 13.5 pour le composite européen (contre 25 attendu) ! Avec un mois plein de confinement, le désastre était prévisible mais l’écart avec les Etats-Unis est assez notable. La capacité budgétaire des Etats reste plus limitée qu’outre-Atlantique (nouveau plan d’aide de 500 milliards pour les PME), sans parler de la cohésion qui peine à se matérialiser.
La BCE porte donc la majorité du fardeau de l’unité européenne en essayant de contenir la pression sur les taux pour les pays les plus fragiles. Ainsi, peut-être en prévision de la revue de la notation italienne par les principales agences de notation (finalement maintenue en qualité Investment Grade), la banque centrale a décidé d’accepter en collatéral des titres récemment dégradés par les agences de notation (même si elle n’a pas encore franchi le pas, comme la FED, de les intégrer dans son QE). Alors qu’on demande aux gérants de ne pas recourir mécaniquement aux notations des agences dans leurs décisions d’investissement, elles restent néanmoins au cœur du système de l’éligibilité des actifs pour les banques centrales mais également pour les acteurs assurantiels. L’ESMA l’a bien compris en déclarant que « le calendrier des décisions sur les notations [devait] être soigneusement calibré.