Alors que la pandémie semble reprendre du poil de la bête en Europe, obligeant certains pays à restreindre de nouveau les déplacements ou à contrôler leurs frontières, la publication des PIB du deuxième trimestre pour les pays de la zone sonne comme une piqûre de rappel. Ainsi, si la publication française du PIB s’est révélée moins mauvaise qu’initialement attendue avec une baisse de -13.8% en glissement trimestriel après -5.9% au premier trimestre (et -15.2% attendue), elle reste dans les bonnes dernières de la zone euro, devant l’Espagne. A l’inverse, en Allemagne, qui fait (toujours) figure de bon élève, la contraction est ressortie sous les attentes avec une baisse de -10.1% en glissement trimestriel (contre -9.0% attendue) après -2.0% au premier trimestre. Si ces baisses sont historiques et étaient largement attendues, elles rappellent néanmoins l’ampleur de la récession et confirment la nécessité de maintenir, voire de renforcer, les plans de soutien. D’autant que si les indicateurs ont fortement rebondi sur les derniers mois, les perspectives restent encore fragiles et conditionnées au risque d’une deuxième vague ou à une reprise plus lente qu’espérée. Le marché du travail reste tout particulièrement sous pression, car si les mesures de chômage partiel ou d’indemnisation ont permis d’éviter le pire, les faillites et licenciements à venir pèseront forcément sur le marché de l’emploi. Pour Euler Hermès, les défaillances d’entreprises vont par exemple augmenter de 25% en France entre 2019 et 2021 soit environ 64 000 entreprises en volume. Ces chiffres sont en ligne avec ceux de la Coface qui prévoyait en juin une hausse de 21% des faillites en France d’ici 2021.
Aux Etats-Unis, la situation est légèrement plus défavorable. Si la baisse du PIB y est aussi historique, quoique meilleure qu’attendue (-32.9% en glissement trimestriel annualisé contre -34.5% attendue), la situation sanitaire n’est toujours pas sous contrôle outre-Atlantique et pèse déjà sur la vigueur du rebond. Pour la Fed, qui a maintenu sa politique monétaire accommodante, les signaux « haute fréquence » montrent clairement un ralentissement de la reprise économique. La ré-accélération du nombre de cas et le retour des mesures de restrictions pour lutter contre la résurgence de l'épidémie pèsent sur la reprise du marché du travail américain dont les inscriptions au chômage sont reparties à la hausse. Le nombre de personnes percevant régulièrement des indemnités ressort ainsi à 17,018 millions contre 16,151 millions la semaine précédente. A la situation économique, s’ajoute la situation politique à quelques mois des élections. Les discussions sur le nouveau plan de relance traînent en longueur, Républicains et Démocrates continuant de se déchirer sur le prolongement des aides complémentaires au chômage qui ont pris fin au 31 juillet. Pour ne rien arranger à la situation, Donald Trump a repris sa posture guerrière contre la Chine comme en témoigne l’affaire TikTok, que le président accuse d’être une arme de renseignement du gouvernement Chinois (une acquisition de la branche américaine de TikTok par Microsoft viendrait à point nommé pour Donal Trump). Si le dollar souffre particulièrement du fait de cette dynamique récessive et des tensions politiques, les GAFAM sont heureusement là pour maintenir la bourse américaine à flot.