Le récent mouvement à la hausse des taux d’intérêt focalise, plus que jamais, l’attention des investisseurs sur les données macroéconomiques à la recherche de signaux de ralentissement. Si les données sur l’activité montrent effectivement des signes de décélération, quoique graduelle, le marché de l’emploi reste lui inexorablement dynamique alors que la Fed le prend en exemple pour justifier sa posture hawkish et maintenir sa politique monétaire restrictive. En effet, sans dégradation du marché du travail, la croissance ne risque pas de fléchir rapidement, ce qui maintient le risque d’une inflation durablement plus élevée.
La publication par l’ADP d’un net ralentissement des créations d’emplois dans le secteur privé sur le mois de septembre a donc été vécue comme un soulagement. Cependant, les estimations de l’ADP sur les derniers mois, notamment en juin et juillet, ont pu se révéler assez loin de celles du BLS. Ce mois-ci n’a pas fait exception et le soulagement a donc été de courte durée. Les créations d’emplois sur le mois de septembre sont ainsi ressorties en forte hausse et au-dessus des attentes à 336 000 contre 170 000 attendues. Ce chiffre constitue un plus haut depuis janvier. Il cache cependant de grandes disparités entre les secteurs avec trois d’entre eux qui concentrent la très large partie des créations d’emplois (l’hôtellerie/loisirs, le gouvernement et la santé). Les deux mois précédents ont, par ailleurs, été révisés en hausse de plus de 100 000 créations. Ces données ne sont clairement pas de nature à permettre à la Fed de relâcher la pression. Michelle Bowman, une des gouverneures de la Fed, considère d’ailleurs que de nouvelles hausses de taux s’annoncent nécessaires pour faire revenir l’inflation vers la cible des 2%. Les investisseurs obligataires semblent avoir compris le message puisque les taux longs américains se sont inscrits en hausse de près de 10 bps vendredi à 4,8%. Sur les marchés actions en revanche, la lecture du rapport sur l’emploi paraît bien différente puisque les principaux indices américains ont fini dans le vert, après une première phase de décrochage. Préférant voir le verre à moitié plein, les marchés actions se sont raccrochés à la bonne nouvelle du rapport : la nouvelle baisse des tensions salariales. Sur le mois, le salaire horaire progresse de 0.2%, soit 4.2% en rythme annuel contre 4.3% le mois précédent. Sur trois mois glissants, la hausse en rythme annuel ressort à 3.4%. Ce taux ressort même à 3% dans les services du secteur privé. Cette bonne tendance a d’ailleurs été soulignée par la présidente de la Fed de Cleveland, L. Mester, membre réputé plutôt hawkish. D’ailleurs, en prenant en compte la croissance de la productivité, l’objectif de la Fed ne semble plus très loin.
Enfin, nous finirons ce billet hebdomadaire par l’actualité géopolitique de ce week-end avec les attaques du Hamas contre Israël et la réponse militaire apportée par l’Etat hébreu. Au-delà de l’aspect humain catastrophique, le risque pour les marchés financiers semble pour l’heure assez circonscrit. Cependant, avec le probable soutien de l’Iran au Hamas, le risque d’escalade est présent avec un impact direct potentiel sur les cours du pétrole et donc d’une reprise de l’inflation.
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