Si les marchés actions se sont relativement bien tenus la semaine précédente, les marchés obligataires n’ont, quant à eux, pas connu de répit. La Banque du Japon, dernière banque centrale à conserver une politique monétaire très accommodante, a fini par céder à la tentation du resserrement monétaire. Les créances de l'Etat japonais à 10 ans vont dorénavant évoluer dans une zone de plus ou moins 50 pb autour de la cible de 0% de rendement (contre 25 pb précédemment). Est-ce le début d'un nouveau cycle monétaire au Japon ? Il semblerait que non, d’après H. Kuroda, le gouverneur de la Banque du Japon, qui a, par la suite, tenté de tempérer les interprétations d’entrée en voie de resserrement monétaire. Il n’en demeure pas moins que le yen a fortement rebondi sur la nouvelle (hausse de près de 4% soit le plus fort gain sur une séance depuis 1998). De quoi satisfaire l’institution alors que la dépréciation de la devise locale inquiétait de plus en plus. Si, en termes absolus, la décision semble symbolique par rapport aux autres banques centrales, elle a cependant pris de court de nombreux investisseurs et a provoqué une onde de choc dans un marché de taux déjà fragilisé par des attentes de resserrement monétaire plus durable. L’échéance à 10 ans américaine est en forte hausse et termine ainsi la semaine aux environs de 3,70% tandis que le Bund (10 ans allemand) avoisine les 2,35%.
Comme nous l’indiquions dans notre précédent rendez-vous du lundi, le pivot dovish est loin d’être avéré à ce stade. En Europe, Luis De Guindos l’a de nouveau rappelé : la BCE n’a d’autre choix que de remonter les taux directeurs afin d’éviter une spirale inflation-salaires et a même suggéré que 2 voire 3 hausses additionnelles de 50 pb étaient envisagées. Aux Etats-Unis, l’activité se montre résiliente comme en témoigne la révision à la hausse du PIB américain au T3-2022 et l’inflation ne faiblit que légèrement. La mesure d’inflation privilégiée de la Fed, l’indice des prix PCE sous-jacent, ralentit, mais moins qu’attendu (+4,7% en novembre contre +4,6% attendu avec une hausse de 0,1% en glissement mensuel).
Sur le front chinois, la réouverture de l’économie est difficile et douloureuse. Les autorités peinent à contenir la vague de contaminations et les difficultés sanitaires sont ainsi nombreuses (surcharge des hôpitaux et des crématoriums) mais la Chine ne compte pas effectuer un retour en arrière comme en atteste la nouvelle classification du Covid-19 en une maladie respiratoire plus classique qui ne justifie plus de quarantaine. Si la situation actuelle risque de repousser le rebond de la croissance, il reste néanmoins très probable en 2023.
Enfin, le conflit russo-ukrainien ne semble pas toucher à sa fin. Le président ukrainien s’est déplacé la semaine dernière à Washington où il a obtenu un soutien total pour son pays : les Etats-Unis vont encore renforcer leur aide financière et militaire. L’espoir d’une paix en Ukraine reste ainsi faible et le conflit sera toujours une source de pression sur les prix de l’énergie en 2023. A ce sujet, il est important de souligner que les ministres européens de l’énergie sont enfin parvenus à un accord concernant un plafonnement des prix du gaz, à 180 €/MWh, une proposition bien plus ambitieuse que celle formulée initialement par la Commission Européenne.
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