La dégradation exponentielle de la situation sanitaire pousse, une nouvelle fois, les gouvernements à rétablir des mesures de confinement un peu partout dans le monde. Si, pour le Président Macron, l’opposition entre santé et économie n’a pas lieu d’être, le choix de conscience existe pourtant, tant les dégâts sociaux et économiques du premier confinement ont laissé des stigmates. Ce second confinement se veut donc moins strict qu’en mars dernier, avec la volonté affichée de limiter au maximum les dégâts sur l’économie. Cependant, même si de nombreux secteurs vont pouvoir conserver une activité « normale », avec des entreprises mieux préparées, le choc économique sera, malgré tout, violent et la baisse du PIB au 4ème trimestre quasi inévitable. Le scénario d’une reprise en V est définitivement enterré et les bonnes publications de PIB, la semaine dernière, pour le 3ème trimestre sont donc, en quelques jours, déjà loin. Globalement, les PIB, en glissement annuel, s’établissent entre -4% et -5% pour les principaux pays européens sauf pour l’Espagne (-8.7%) qui, en plus d’avoir remis en place des mesures de confinement dès le mois d’août, souffre d’une économie moins industrialisée et davantage axée sur le tourisme.
C’est dans ce contexte que se tenait, la semaine dernière, la réunion de la BCE. Si, comme attendu, la politique monétaire est restée inchangée, Christine Lagarde s’est évertuée à convaincre du soutien sans failles de l’institution européenne. Pour cela, le conseil des gouverneurs s’est (quasi) engagé à recalibrer l’ensemble des outils de la BCE d’ici la fin d’année. Cet ajustement, comme Christine Lagarde l’a plusieurs fois répété, concernera tous les outils de la banque centrale. Il pourra donc s’agir d’une baisse des taux (même si son utilité n’est pas certaine), d’une augmentation du programme de rachat d’urgence (PEPP) mais également du QE initial (APP). La porte est également ouverte pour l’inclusion de dettes de notation High Yield (Fallen Angels) voire d’autres classes d’actifs dans les programmes de rachat d’actifs. Mais, entre la gestion de la crise du coronavirus et son évolution pour le 4ème trimestre et l’incertitude sur le Brexit, la BCE n’a pas souhaité griller ses cartouches immédiatement et attend de mettre à jour ses prévisions de croissance.
Même si les marchés ont logiquement corrigé, le sentiment de panique du mois de mars a, pour le moment, été évité. Les investisseurs semblent, en effet, mieux préparés (psychologiquement) à la situation et continuent de penser que la découverte d’un vaccin n’a jamais été aussi proche avec une augmentation du soutien monétaire en cas de besoin. Tous les regards sont désormais tournés vers les élections américaines qui restent le principal point d’attention avec des résultats qui pourraient être plus serrés qu’attendu. Wait and see….