Malgré un début de semaine difficile, les marchés financiers ont profité de la séance de vendredi pour rattraper une partie de leur perte et finir ainsi sur une note plus positive. Pourtant, la publication de chiffres d’inflation au-dessus des attentes pour le mois de juin aux Etats-Unis (9.1% contre 8.8% attendu) pouvait laisser penser au pire comme nous l’avions déjà connu le mois dernier. Mais les marchés, quoique baissiers, ont plutôt bien résisté à ce nouveau plus haut de 40 ans, avec une variation mensuelle de l’inflation de +1.3% (contre +1% le mois précédent), un record depuis 2005. Dans le détail, la tendance reste dans la lignée des derniers chiffres publiés : la hausse des prix se poursuit dans l’énergie et, surtout, dans les services alors que les prix sont plutôt orientés à la baisse dans les biens. Si ces chiffres ont poussé les investisseurs à anticiper une hausse de 100 bps des taux directeurs de la part de la Fed pour sa réunion de politique monétaire de la semaine prochaine (ce qui serait une première dans l’histoire de l’institution américaine), la tendance s’est radicalement inversée en fin de semaine. En effet, plusieurs membres du FOMC ont appelé à ne pas bouger de façon « trop radicale » les taux directeurs. Même James Bullard, considéré comme le membre le plus hawkish du FOMC, n’a pas milité pour une hausse de 100 bps, préférant plusieurs « jumbo » hausses de 75 bps, bien qu’il ait revu à la hausse sa cible des Fed funds à 4% contre 3.5% précédemment. Le dégonflement des craintes d’un tour de vis supplémentaire dans la politique monétaire de la Fed a, par ailleurs, été conforté par des données macroéconomiques en demi-teinte. Ainsi, si les ventes au détail pour le mois de juin sont ressorties au-dessus des attentes (+1% contre +0.9% attendues et -0.1% le mois précédent), elles restent biaisées par l’augmentation des prix et s’inscrivent en baisse de 0.3% sur le mois en volume. L’écart entre les ventes au détail en volume et en valeur sur un an montre deux visions de l’économie américaine puisque les premières s’inscrivent en baisse de -0.4% alors que les secondes sont en hausse de +8.4% (cf. graphique de la semaine). Par ailleurs, la baisse des anticipations d’inflation à long terme des ménages américains dans l’enquête de l’université du Michigan a également permis de rassurer les marchés.
En Europe, la semaine qui s’ouvre s’annonce cruciale. La BCE, qui tient sa réunion de politique monétaire, doit acter une première hausse de taux depuis 2011. Si cette décision est largement attendue, elle doit en revanche convaincre sur son outil « anti-fragmentation » afin de limiter les écarts de taux entre pays de la zone euro. Comme si la situation n’était pas assez difficile, c’est le moment qu’a choisi Mario Draghi, ex-Président de la BCE de 2011 à 2019, pour démissionner de ses fonctions de Président du conseil après le boycott d’un vote de confiance par le mouvement 5 étoiles, membre de la coalition. Déjà sous pression, l’Italie se prépare probablement à une nouvelle crise politique dont elle se serait bien passée.
C’est également cette semaine que l’opération de maintenance du gazoduc Nord Stream 1 doit normalement prendre fin. Une coupure totale ou partielle ne ferait qu’accentuer les pressions sur l’Europe, déjà largement shortée par les marchés.
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