On le sait, la consommation est le principal moteur de la croissance américaine et contribue pour plus de deux tiers à l’activité économique du pays. Le défi de la vaccination de masse, largement gagné par les Etats-Unis, permet donc raisonnablement d’espérer un fort redémarrage dans de nombreuses activités de services jusque-là fortement impactées par la crise, ce qui rend les prévisionnistes optimistes pour la croissance américaine de cette année. Les chiffres publiés pour le mois de mars font en effet clairement état d’un « boom » de la consommation avec une hausse des ventes au détail de 9.8% sur le mois (contre 5.8% attendues) tirées par exemple par la réouverture des restaurants (+13.4%), les dépenses dans les loisirs (+23.5%) ou l’habillement (18.3%) mais également par des éléments plus conjoncturels comme la hausse des dépenses de matériaux de construction (+12.1%) après la vague de froid de février. Ces bons chiffres ont été corroborés lors des résultats du premier trimestre des banques américaines avec l’analyse des données de dépenses des cartes de crédit. Au global, les ventes au détail sont en hausse de 17.6% depuis la fin 2019, effaçant totalement le creux lié à la crise de la Covid-19. L’une des principales raisons à la bonne tenue de la consommation des ménages américains est naturellement le maintien de leur revenu, notamment grâce aux chèques distribués par le gouvernement. Ainsi, près de 90% de la hausse du revenu disponible (+6.3% à fin février 2021 depuis fin 2019) sont attribuables aux aides gouvernementales.
Pourtant, selon la Fed de New York, le consommateur américain se montre encore relativement prudent dans ses dépenses. Selon cette étude (cf. graphique de la semaine), seulement un quart de l’argent perçu du gouvernement serait dépensé dans des biens de consommation, dont seulement 6% pour des biens non-essentiels, alors que la majeure partie de ces aides serait utilisée pour épargner et réduire le niveau d’endettement. Cette répartition est même relativement stable en comparaison avec les aides versées depuis près d’un an. Ce surplus d’épargne pourrait donc constituer un soutien majeur à la consommation dans les trimestres à venir si les ménages venaient à considérer les risques liés à la crise comme totalement dépassés.
En attendant, les marchés restent sur leur petit nuage, portés par de bonnes données macroéconomiques, une saison de résultats prévue comme prometteuse et une accalmie dans la hausse des taux. A ce titre, la baisse des taux américains au cours de la semaine dernière est difficilement explicable, à part par un rachat de positions short après une hausse continue depuis le début de l’année. De notre côté, nous commençons à prendre nos bénéfices après cette progression quasi en ligne droite des marchés actions et préparons sagement nos portefeuille à l’aune de l’adage « sell in may et go away ».