Face à la propagation du variant Omicron, qui deviendra dominant dans les jours à venir, de plus en plus de pays européens annoncent des mesures de restrictions sanitaires par précaution. Et le constat de la progression fulgurante du nombre de cas d’Omicron au Royaume-Uni ne pourra que les encourager (à tort ?) dans cette voie. Car face à un variant qu’on estime entre 3 et 5 fois plus contagieux que Delta, ces mesurettes ne feront que retarder l’inéluctable – une explosion soudaine du nombre de cas faisant passer toutes les autres vagues pour des vaguelettes – et ne permettront pas de soulager des systèmes de santé déjà mis sous pression par Delta.
A quoi bon prendre ces mesures puisque la seule décision cohérente avec cette stratégie aurait été un confinement, néanmoins impossible à faire accepter aux populations en cette période de Noël et très coûteux économiquement ? A moins que ces mesures ne soient qu’une première étape avant plus de restrictions début 2022…
Surtout, les gouvernements ne sont-ils pas en train de paniquer face à un variant dont on sait encore peu de choses ? Même s’il nous manque encore quelques jours de recul, les données en provenance d’Afrique du Sud sont encourageantes : Omicron semble y avoir déjà atteint un pic 30 jours seulement après son apparition, les hospitalisations y sont plus faibles que lors des précédentes vagues et les décès restent très contenus. Certes, les caractéristiques démographiques du pays sont différentes avec une population plus jeune, moins vaccinée, et ayant plus contracté le Covid. Mais les données en provenance du Royaume-Uni ne disent rien d’autre pour le moment. Les admissions en soins intensifs sont stables tout comme les décès même s’il faudra encore une semaine pour en tirer des conclusions définitives. Enfin, l’efficacité des traitements contre la maladie est aujourd’hui bien meilleure que par le passé limitant grandement les décès rapportés au nombre de cas. Alors les gouvernements ont-ils agi dans la précipitation ? Quid de l’application de la stratégie « Zéro Covid » en Chine face à Omicron ?
Les banques centrales des pays développés ont, elles aussi, appliqué le principe de précaution, cette fois-ci face à l’inflation. Oubliés son caractère transitoire et son lien partiel avec les problèmes d’approvisionnement censés se réduire en 2022, les banques centrales prennent désormais le problème au sérieux. La FED a ainsi officialisé l’accélération du tapering permettant de mettre un terme au Quantitative Easing (QE) fin mars et prévoit même de relever ses taux trois fois l’année prochaine et trois fois l’année suivante ! La BCE lui a emboîté le pas en officialisant la fin du Pandemic Emergency Purchase Program (PEPP) en dépit d’Omicron. N’étant pas à un paradoxe près après une année où elles ont eu tort sur toute la ligne, l’annonce de la fin des Quantitative Easing est concomitante avec une baisse importante des anticipations d’inflation de la part des investisseurs.
Paniquées par l’inflation qu’elles essayent pourtant de relancer depuis deux décennies et constatant les effets négatifs des QE sur les marchés financiers entre prise de risques excessive et spéculation s’étendant au-delà des actifs financiers (immobilier, cryptomonnaies, NFT etc.), les banques centrales sont prêtes à retirer leur soutien en pleine période d’incertitude. Il semble bien que l’inflation aura eu raison du soutien inconditionnel des banques centrales aux marchés financiers. Entre panique politique et panique des banques centrales, les investisseurs devront donc garder leur sang-froid car c’est souvent lors de ces périodes que les performances se construisent.
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