Noir c’est noir… mais le marché garde espoir…

04/05/2020

1 min

Dopés à coups de soutiens monétaires et budgétaires et par l’espoir d’un traitement efficace contre le Covid-19 (le Remdesivir du laboratoire Gilead, bien qu’une étude parue le même jour dans la revue britannique The Lancet ne dise le contraire), les marchés actions ont tranquillement continué leur remontée sur la semaine. Le S&P 500 signe ainsi son meilleur mois depuis 1987 tandis que le NASDAQ revient quasiment à l’équilibre depuis le début de l’année ! Cette surperformance des marchés américains s’explique en grande partie par le poids des GAFAM, qui ne cesse d’augmenter depuis des années. A titre d’exemple, la valorisation des GAFAM est plus de 3 fois supérieure à celle du CAC 40 et représente près de 40% du NASDAQ et plus de 20% du S&P 500. Ces sociétés semblent pour le moment immunes face aux turpitudes boursières, leurs activités étant peu impactées voire profitant de la situation actuelle. La publication des résultats d’Amazon en est un bon exemple mais met cependant en lumière que le coup de la crise ne sera pas neutre, même pour eux. Ainsi, si le chiffre d’affaires du groupe est ressorti en forte hausse sur le trimestre, le groupe a surtout annoncé qu’il dépenserait ses 4 milliards de profits prévus pour le 2ème trimestre dans la gestion de la crise. De quoi mettre un coup de frein à l’envolée du titre depuis le début de l’année (+33.9% à fin avril) ? Les marchés financiers continuent pour l’heure d’anticiper une reprise rapide de l’activité, avec un impact limité pour cette année. Le consensus anticipe ainsi une baisse de (seulement ?) 15.2% des profits sur 2020 pour le S&P 500 avant une reprise de 23.2% en 2021. (https://www.factset.com/hubfs/Resources%20Section/Research%20Desk/Earnings%20Insight/EarningsInsight_042420.pdf).

Côté macroéconomie, la semaine a été assez riche en publications. Les données publiées continuent de dépeindre un tableau assez noir, généralement sous les attentes. Le climat des affaires outre-Rhin, calculé par l’IFO, a ainsi enregistré sa plus lourde chute et ressort à son plus bas historique (74.3 contre 79.7 attendu). Pour l’institut, qui s’attend à une chute de 6.6% du PIB pour cette année, « on ne reviendra pas à la situation 'pré-corona' avant la fin 2021 ». En Europe, notons également la publication du PIB de la France pour le 1er trimestre à -5.8%, sous les attentes (à -4%) et sous le PIB italien (-4.7% pour le 1er trimestre) qu’on aurait pensé plus mauvais. Aux Etats-Unis, le PIB est également sorti sous les attentes pour le 1er trimestre (-4.8% contre -4% attendu) et les inscriptions au chômage ont dépassé les 30 millions depuis mi-mars. Enfin, en Chine, l’activité peine à rebondir sans une vraie impulsion donnée par le reste de monde. Les PMI manufacturiers (officiel et de Caixin) sont également ressortis sous les attentes à des niveaux proche de 50. Face à la dégradation de l’économie, le Fed et la BCE, qui s’exprimaient toutes les deux cette semaine, ont confirmé avoir les armes pour faire plus et gardent donc des munitions sous le coude. Dans ce contexte, si les marchés semblent animés par un optimisme à toute épreuve, l’équilibre est fragile et il faut rester prudent face notamment au regain de tensions sino-américaines et garder à l’esprit le fait que « Wall Street » n’est pas « Main Street ».

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