Alors que la très grande majorité des pays européens sont sous le coup de restrictions sanitaires depuis le début de l’année pour lutter contre une énième reprise de l’épidémie, décalant toujours plus le rebond économique tant attendu en zone euro, la situation semble en légère amélioration ces dernières semaines, avec un ralentissement du nombre de cas dans de nombreux pays. Mieux, plusieurs Etats ont déjà commencé ou envisagent la levée progressive des restrictions dans les jours à venir, laissant espérer un redémarrage de l’activité sur le deuxième semestre.
Dans ce contexte, les indicateurs d’activité préliminaires pour le mois d’avril en zone euro ont agréablement surpris à la hausse alors qu’on pouvait s’attendre à des indicateurs, notamment dans les services, toujours à la peine du fait des restrictions sanitaires. Les PMI services pour la zone sont ainsi repassés en territoire d’expansion à 50.3 (contre 49.6 attendus et 49.1 en mars) pour la première fois depuis août dernier, ce qui révèle une certaine capacité d’adaptation des économies mais également l’effet de mesures de lutte contre l’épidémie plus ciblées (ou plus souples) que lors des premiers confinements. Du côté du secteur manufacturier, la tendance est toujours haussière avec une envolée record de la production et des nouvelles commandes reflétant un optimisme croissant dans les perspectives économiques. Cela se retrouve également dans la sous-composante emploi avec un troisième mois consécutif d’embauches nettes.
A l’instar des Etats-Unis, on peut donc s’attendre à un boom de la croissance en zone euro pour les trimestres à venir, une fois la réouverture des économies actée. D’autant plus que le plan de relance européen, voté en juillet dernier, sera un facteur de soutien supplémentaire, bien que 10 pays sur les 27 n’ont toujours pas ratifié le texte au niveau national. Les Etats membres ont d’ailleurs jusqu’à la fin de la semaine pour envoyer à Bruxelles les détails de leurs plans de relance pour pouvoir toucher leur part. A ce titre, l’Italie devrait rafler le plus gros morceau du gâteau tant attendu puisque Mario Draghi, le nouveau premier ministre italien, doit présenter aujourd’hui un plan d’investissement de plus de 220 milliards d’euros sur 6 ans dont près de 190 milliards seraient financés par l’UE (sur l’enveloppe des 750 milliards).
Si la BCE, qui tenait la semaine dernière sa réunion de politique monétaire, a acté que la balance des risques continuait de s’équilibrer, elle a en revanche, sans surprise, laissé inchangées sa politique monétaire et sa communication repoussant ainsi à juin le débat sur le rythme de ses achats d’actifs, qui devrait donc rester « sensiblement » plus élevé encore ce trimestre. Christine Lagarde a, en revanche, mis en avant la désynchronisation à venir des politiques monétaires, actant ainsi que la BCE resserrerait sa politique monétaire bien après la FED.