Si Jerome Powell, le président de la Fed, a souvent soufflé le tiède, force est de constater qu’il est passé maître dans l’art de la communication. Ainsi, après avoir habitué les marchés financiers, phobiques de l’inflation, à des chiffres proches de 5%, il amène la banque centrale sur le chemin du tapering, pour le moment, sans heurts. Les marchés ayant, de façon assez surprenante, assez peu réagi à la dernière réunion du FOMC alors que le ton y est résolument plus hawkish.
En effet, si aucune réduction ou calendrier officiel n’a été mentionné et si le discours reste conditionné à la validation du scénario macroéconomique, la messe semble néanmoins dite. La réduction des achats d’actifs commencera avant la fin de l’année, et ce, normalement dès la prochaine réunion de novembre sauf cataclysme sur les chiffres de l’emploi. Rappelons que le doute existait encore pour une annonce lors du FOMC de décembre, les dernières déclarations de Jerome Powell, notamment à Jackson Hole, ayant plutôt été perçues comme prudentes. Figure parmi les nouveautés, la volonté de terminer le tapering dès mi-2022 soit un rythme relativement plus rapide que ce qu’anticipait le marché (soit environ 15 milliards de dollars de réduction mensuelle en linéarisée). Conséquemment, les taux directeurs de la banque centrale pourraient donc remonter dans la foulée comme le confirment les « dot plots » qui montrent que désormais la moitié des membres anticipent une hausse des Fed funds d’un quart de point dès l’année prochaine. Les calendriers du tapering et des hausses de taux semblent donc bien plus synchronisés que ne le laissait entendre Jerome Powell jusqu’à présent. La réalité des débats devrait cependant être plus incertaine, les membres votant du FOMC étant plus dovish même si une partie de ses membres sera renouvelée l’année prochaine.
Après la Fed, la banque centrale d’Angleterre s’est également engagée un peu plus sur le chemin du resserrement monétaire avec un QE qui s’arrêtera à la fin de l’année et une probabilité d’une première hausse des taux directeurs dès le premier trimestre 2022. La BCE se retrouve pour le moment un peu esseulée dans le virage du resserrement entrepris par plusieurs banques centrales de pays développés et pourrait donc essayer de s’engouffrer dans la brèche avec la fin à venir du PEPP, même si la situation européenne est toujours plus complexe du fait de l’hétérogénéité des pays membres.
Parmi les autres actualités, notons le flou qui perdure autour d’Evergrande et qui pourrait être l’arbre qui cache la forêt d’autres restructurations en cours en Chine. Ainsi, le conglomérat HNA connu pour avoir fait de multiples investissements avec un endettement record (notamment en étant, un temps, le premier actionnaire de Deutsche Bank ou des hôtels Hilton ou encore au capital de Pierre et Vacances) et en situation de faillite depuis le début de l’année a été démantelé et ses dirigeants arrêtés, dans le cadre de la reprise en main voulue par les autorités.
Enfin, le résultat serré des élections allemandes ouvre une période d’incertitude de plusieurs semaines / mois pour trouver une coalition et tranche après les 16 ans de stabilité sous Angela Merkel. Cela pourrait néanmoins permettre de desserrer (un peu) l’étau de l’orthodoxie budgétaire germanique.
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