Le stress sur le secteur bancaire passé, bien que la problématique des banques régionales américaines ne soit pas in fine réglée, les marchés financiers se sont remis dans le « mood » du triptyque inflation / croissance / banques centrales en attendant que la saison des résultats batte son plein.
Si le resserrement monétaire est indéniablement proche de la fin, les données économiques continuent de montrer des signes de résilience. Alors que les économies sont néanmoins en train de ralentir, cela force les banquiers centraux à jouer aux équilibristes et les divergences au sein des membres, aussi bien aux États-Unis qu’en zone euro, sont de plus en plus marquées. Cependant, comme l’a de nombreuses fois rappelé Jerome Powell, les banquiers centraux préfèrent se tromper en faisant la hausse de trop, au risque de ralentir plus brutalement l’économie, que d’arrêter le resserrement monétaire prématurément.
Hormis les prix à la production en Allemagne sortis largement sous les attentes (-2.6% sur le mois contre -0.6% attendu), mais qui cachent d’importants effets de base sur les prix de l’énergie, la plupart des indicateurs macroéconomiques publiés la semaine dernière ont plutôt eu tendance à militer pour une inflation plus durable ou, à tout le moins, qui mettra du temps pour revenir vers la cible des 2%. Tout d’abord, l’inflation au Royaume-Uni est ainsi ressortie au-dessus des attentes en mars, en restant au-delà des 10% et en baisse modeste sur le mois. Puis, vendredi, les indicateurs d’activité pour le mois d’avril de part et d’autre de l’Atlantique ont confirmé la bonne tenue des économies. Aux États-Unis, le PMI composite ressort ainsi sur un plus haut de presque un an à 53.5 (contre 52.3 le mois précédent et 51.2 attendu) tiré par les services mais également par le secteur manufacturier qui repasse en phase d’expansion. Globalement les entreprises constatent une plus grande confiance du consommateur. Les carnets de commandes restent bons et la baisse des tensions sur le marché du travail leur permet de recruter plus facilement pour augmenter la production. En zone euro, le PMI composite est également sorti au-dessus des attentes sur un plus haut de 11 mois. Contrairement aux États-Unis, la croissance est plus déséquilibrée entre les services et le secteur manufacturier. Ainsi, alors que le secteur manufacturier a surpris négativement à 45.5 et s’enfonce en territoire de contraction, la hausse dans les services continue. Les dynamiques inflationnistes y sont également totalement divergentes.
Pas de quoi rassurer les banquiers centraux donc. A ce titre, les dernières minutes de la BCE font état de dissensions au sein des membres de l’institution européenne certains remettant même en cause le scénario de « désinflation immaculée » porté par le chef économiste Philip Lane. Aux États-Unis, même Lisa Cook, plutôt considérée comme dovish au sein des membres du FOMC, a souligné que l’inflation était devenue « généralisée dans l’économie ». Les réunions des 2 banques centrales la semaine prochaine ne devraient donc laisser que peu de surprises avec un nouveau tour de vis à prévoir.
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