Les banquiers centraux n’ont pas chômé la semaine dernière. Face au vent de panique qui s’est propagé sur les marchés, ils ont enchaîné les interventions afin de calmer les investisseurs. Nous avons d’abord eu Mary Daly (présidente de la Fed de San Francisco) qui a déclaré qu’un ajustement de la politique monétaire se produirait bientôt et qu'il n'y avait pas lieu de s'alarmer. Elle a également insisté : le marché de l'emploi ralentit mais n’est pas en train de s'effondrer. La hausse du taux de chômage provient, selon elle, en grande partie d’une hausse du nombre d'actifs, notamment issus de l'immigration, et non de licenciements généralisés et permanents. A. Goolsbee (Fed de Chicago) a tenu un discours très similaire, considérant que les données de l’emploi ne plaidaient pas pour un scénario de récession. Même la gouverneure M. Bowman a adouci son ton habituellement assez hawkish, évoquant des potentielles baisses de taux. Du côté du Japon, le vice-président de la BoJ, Shinichi Uchida n’a pas hésité à adopter un discours plus dovish face aux nombreux débouclages de positions spéculatives de « carry trade » (emprunter en yen à faible coût pour investir dans des actifs plus rentables en dehors du Japon). Celui-ci a indiqué que l’institution tiendra compte des perturbations sur les marchés financiers et de la perte de confiance potentielle induite si le mouvement d’appréciation du yen devait se poursuivre. Mission réussie en tout cas, l’aversion pour le risque s’est atténuée à la faveur de ces commentaires. Les taux se sont ainsi nettement appréciés (10 ans américain qui progresse de 15 bps sur la semaine) tandis que le yen recule légèrement face au dollar. La fin de la tempête ? N’en soyons pas si certains, le VIX (« Indice de la peur ») traite toujours au-dessus de 20, soit bien au-dessus de la moyenne des derniers mois et les opérations de « carry trade » ne semblent pas toutes débouclées. JP Morgan estimait ainsi jeudi qu’il restait encore un tiers de ce débouclage à réaliser. Il convient donc de rester prudent d’autant plus que nous aurons cette semaine les chiffres des prix à la production et à la consommation aux États-Unis. Les statistiques économiques, peu nombreuses la semaine dernière, ont d’ailleurs contribué à apaiser les craintes de voir les Etats-Unis basculer en récession. Les demandes d’allocations chômage hebdomadaires étaient en baisse et inférieures aux attentes tandis que l’ISM des services est reparti à la hausse sur le mois de juillet (à 51,4 vs 51,0 attendu et 48,8 en juin), porté par des nouvelles commandes favorablement orientées (à 52,4 vs 47,3 en juin). La composante « emploi » fait même son retour en territoire d’expansion (à 51,1).
Dans le reste de l’actualité, n’oublions pas que Tim Walz a été désigné en tant que colistier par K. Harris. Son profil relativement consensuel pourrait élargir l’électorat de la candidate démocrate qui semble bénéficier d’un élan dans les intentions de vote. Selon le sondage de référence du New York Times, K. Harris arrive ainsi dorénavant en tête des sondages dans plusieurs Etats-clés du scrutin (swing states) : la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin. Et dans certains sondages nationaux, la candidate démocrate devancerait également pour la première fois son rival républicain ! En quelques semaines, la dynamique est donc totalement inversée et une victoire de D. Trump semble on ne peut moins sûre. Enfin, on le mentionnait déjà la semaine dernière, le risque d’escalade dans le conflit entre Israël et l’Iran demeure, et ce, en dépit des appels au calme de la communauté internationale.
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