Alors que les données macroéconomiques soufflent le chaud et le froid et montrent des signes de ralentissement après un boom économique, finalement court mais intense, les chiffres de l’emploi américain, publiés vendredi, sont venus rappeler la bonne dynamique de l’économie américaine. Pourtant, les données du rapport de l’ADP (sur les créations d’emplois privés), en ressortant largement sous les attentes (330k contre 690k attendues) un peu plus tôt dans la semaine, laissaient craindre une nouvelle déception, d’autant plus que la propagation du variant Delta était de nature à renforcer les craintes sur le cycle de croissance.
Si la barre symbolique du million d’emplois créés sur le mois, citée par Jerome Powell, n’a pas été atteinte, la publication de vendredi confirme néanmoins la bonne santé et la reprise du marché de l’emploi américain. Sur le mois, les créations d’emplois sont ainsi ressorties à +943k contre 870k attendues. Les données du mois précédent ont également été revues à la hausse de près de 100k créations. Si le nombre de personnes employées reste encore inférieur de 5,7 millions par rapport au niveau pré-covid, les derniers verrous (fermeture des écoles, aides supplémentaires au chômage,...) devraient sauter d’ici septembre, permettant au marché de l’emploi de poursuivre sa bonne dynamique sur le second semestre.
Dans le détail, les services continuent d’être le principal moteur de l’emploi avec 659k créations. La consommation américaine reste en effet très dynamique comme l’a, par ailleurs, montré la publication de l’ISM services, au plus haut historique à 64,1 alors que le marché attendait seulement 60,5. Le taux de chômage a également agréablement surpris avec une baisse de 0.5% pour revenir à 5.4% (alors que le marché attendait 5.7%). Dans le même temps, les salaires ont poursuivi leur progression, tirés par les difficultés toujours présentes pour les employeurs à trouver de la main-d’œuvre qualifiée, notamment dans les emplois les moins bien rémunérés. Seule (petite) ombre au tableau, le taux de participation qui peine à se reprendre (cf. graphique de la semaine). Mais, selon Janet Yellen, qui s’exprimait dans le cadre d’un discours sur l’état de l’économie américaine, cette baisse, accentuée lors des crises, est également structurelle. Parmi les facteurs pouvant expliquer cette tendance, on trouve par exemple le développement de l’économie informelle (du type location sur Airbnb) ou la crise des opioïdes qui aurait réduit le nombre de travailleurs disponibles.
Alors que le débat sur le tapering avait légèrement perdu en consistance sur les dernières semaines devant le ralentissement économique observé, ce rapport sur l’emploi, qui s’inscrit dans les progrès attendus par le président de la Fed, remet d’aplomb le scénario central initial d’une réduction des achats de la Fed à partir de début 2022. Ce scénario, s’il devait se confirmer, est propice à une hausse des taux et donc à quelques mouvements factoriels.
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