La résurgence des menaces liées au variant Delta, la confirmation mercredi dernier au sein des minutes de la réunion du FOMC du 28 juillet de la volonté de la FED de commencer son tapering dès cette année (sauf dégradation significative de la situation sanitaire) et la poursuite de la fièvre de régulation chinoise (dans le cadre d’un plan quinquennal visant à réaffirmer le positionnement politique de Pékin, à soutenir la demande intérieure et à « réguler les revenus excessifs ») sont autant de facteurs défavorables au soutien des actifs risqués. Nous l’avons bien vu jeudi dernier avec des marchés qui ont eu du mal à avaler ce cocktail.
Si la Fed a évité le risque de « taper tantrum » de 2013 en distillant un ton « hawkish modéré » pendant des mois, elle semble avoir atteint la limite de l’exercice et doit faire montre de plus de clarté sur son tapering (cela sera certainement le cas lors du FOMC de septembre). A ce titre, le symposium de Jackson Hole, qui aura lieu ce vendredi, pourrait déjà donner quelques indications sur la prise en compte (ou non) par la FED des menaces liées au variant Delta et à la perturbation mondiale des chaînes d’approvisionnement pour revoir son calendrier de tapering. La banque centrale américaine doit en effet trouver la bonne alchimie afin que la réduction (inéluctable) de son soutien monétaire ne survienne pas alors que la situation sanitaire se dégrade. Robert Kaplan, président de la Réserve fédérale de Dallas, a même rappelé vendredi dernier que l’impact du variant Delta pourrait remettre en cause sa position en faveur d’une diminution du soutien monétaire de la Fed alors que, sur le front de l’emploi, le recul des demandes d’allocation chômage aux Etats-Unis confirme la bonne tenue du marché du travail malgré la propagation du virus (données publiées jeudi dernier sur la semaine du 9 août : +348k contre +377k la semaine précédente et +363k attendu).
Cette « pré-rentrée » est surtout marquée par les inquiétudes suscitées par le recul des marchés asiatiques (le MSCI China a encore baissé de -7,71% sur la semaine passée l’amenant à une baisse de -19,51% depuis le début de l’année ; le MSCI Emerging Markets a continué son repli à -4,69% la semaine passée, soit -5,46% depuis le début de l’année tiré vers le bas par la zone asiatique).
En sus des préoccupations sur le rythme de croissance chinois confirmées par les données mensuelles publiées lundi dernier par le Bureau National des Statistiques (production industrielle en juillet : +6,4% sur un an, contre +8,3% en juin et sous les attentes de +7,8% ; ventes au détail : +8,5% sur un an contre +11,5% attendus et après +12,1% en juin) et liées notamment à la propagation du variant Delta, ce sont les coups de boutoir réglementaires assénés par Pékin à certains secteurs qui inquiètent (intervention envisagée dans les domaines de la santé, des spiritueux ; adoption récente d’une loi sur les données en ligne). Cela n’a pas manqué d’impacter encore l'indice Nasdaq Golden Dragon (cf. graphique de la semaine). Plus globalement, la volonté de Pékin de réduire les inégalités laisse présager l’émergence de taxes nouvelles au nom de la prospérité commune (ou « gòngtóng fùyù » en chinois, quatre caractères 共同富裕 empruntés par Xi Jinping à Mao).
Enfin, l’efficacité de la lutte contre le variant Delta sera la thématique à suivre en cette rentrée car, comme indiqué plus haut, elle pourrait influencer la FED sur son calendrier de tapering, aura un impact certain sur les chaînes d’approvisionnement notamment en Asie et sera de nature à confirmer ou non la bonne dynamique de reprise au sein des économies occidentales (qui s’engagent progressivement, à l’instar des Etats-Unis, dans la voie d’une une campagne d’injection d’une troisième dose de vaccin contre la Covid-19).
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