Alors que la semaine dernière a débuté sous le signe de l’inquiétude face aux annonces de Donald Trump sur les tarifs douaniers, les marchés ont finalement su absorber ces tensions et se tourner vers des perspectives plus optimistes.
Le concept de « piège de Thucydide », bien connu en relations internationales, nous éclaire sur la stratégie de Donald Trump. Bien qu’entrecoupé par des saillies plus ou moins drôlatiques voire des dérives dont lui seul a le secret, le fil conducteur de la guerre commerciale lancée tous azimuts par le président américain est simple : soumettre ses alliés (cf. le sort réservé aux membres de l’ACEUM) et dépasser la Chine notamment dans les domaines de haute technologie (IA, computation quantique…) en parvenant, si possible, à tuer sa compétitivité internationale (d’abord sur le terrain des droits de douane pour lutter contre la structure chinoise de bas coûts et de dumping social et, si possible, sur le terrain monétaire, à l’instar de ce que les USA ont fait au Japon en 1985). Pour décrypter (et relativiser) les sorties de Donald Trump sur la sphère économique et financière, il convient de prêter l’oreille à son Secrétaire du Trésor, Scott Bessent, un émule bien connu de George Soros, qui résume parfaitement la tactique de négociation de Donald Trump : « My general view is that at the end of the day, he's a free trader. It’s escalate to de-escalate. ».
Dans ce jeu d’influence, l’Europe risque de devenir un simple spectateur, voire un terrain de confrontation indirecte entre les États-Unis et la Chine, notamment sur des secteurs clés comme les terres rares, dont l’Ukraine détient des ressources stratégiques. Certains projets européens comme « Current AI » montrent néanmoins une volonté de réagir, mais leur impact reste limité face à l’ampleur des moyens mobilisés par les grandes puissances.
En ce mois de février, et sans aucun rapport avec le Nouvel An chinois, nous restons constructifs tactiquement sur la Chine en raison des valorisations attrayantes et des soutiens politiques attendus. Toutefois, structurellement, si l’on s’intéresse à un indicateur clé comme les revenus fiscaux du gouvernement, ils ressortent en baisse de 3,4 % en 2024 par rapport à l'année précédente et l’on peut légitimement douter de la solidité de la croissance en valeur de la Chine, d’autant plus qu’elle est clairement en phase de déflation (avec une crise immobilière sévère, une demande intérieure en berne, la dette inquiétante de certains gouvernements locaux, et surtout une entrée en guerre économique qui a un effet déflationniste certain via la subvention par le gouvernement des exportations des surcapacités industrielles vendues à perte). Enfin, du côté des marchés émergents, l’Inde, après plusieurs années de forte progression, montre des signes de ralentissement. Des valorisations élevées combinées à une dynamique de croissance moins marquée pourraient freiner son élan. Dans ce contexte de guerre commerciale, un autre sujet géopolitique de premier plan est en discussion. Donald Trump a relancé les négociations avec Vladimir Poutine pour tenter de mettre fin au conflit en Ukraine, un engagement pris durant sa campagne. La fin du conflit serait évidemment bénéfique, tant pour l'Ukraine que pour la stabilité régionale. Toutefois, sur le plan économique, si ces négociations devaient se limiter à un dialogue bilatéral entre la Maison Blanche et le Kremlin, les intérêts européens pourraient être relégués au second plan. Entre tensions commerciales, négociations internationales et avancées technologiques, l’année s’annonce riche en défis et en bouleversements. Malgré ces turbulences, les marchés ont une fois de plus démontré leur résilience. Le CAC 40 est repassé au-dessus des 8 000 points, tandis que le DAX a atteint un nouveau sommet historique. Aux États-Unis, le S&P 500 et le Nasdaq ont bien résisté, portés par l’optimisme persistant autour de l’IA et l’adaptation progressive des investisseurs aux politiques de Trump. Pour finir sur une note optimiste : 77 % des entreprises du S&P 500 ayant publié leurs résultats pour le quatrième trimestre ont dépassé les attentes du consensus, avec un taux de croissance moyen de 16,4 % des BPA (contre 11,9 % pour les estimations).
Pour accéder au Rendez-vous du Lundi complet avec nos vues de marchés et le graphique de la semaine, merci de cliquer sur le bouton plus bas.