Malgré le discours toujours aussi prudent des banquiers centraux sur la fin du cycle de resserrement monétaire, nécessaire pour garder une once de crédibilité afin de maintenir ancrées les anticipations d’inflation, les investisseurs, eux, ne s’y trompent plus et considèrent les hausses de taux comme de l’histoire ancienne. Les données macroéconomiques publiées la semaine dernière confirment le mouvement de désinflation en cours et dessinent le scénario idéal d’un « soft landing ». Austan Goolsbee, le président de la Fed de Chicago, parle même « d’exploit inhabituel » pour l’économie américaine avec une baisse d’inflation record (hors période de guerre) sans récession. A n’en point douter, la thématique « croissance » va devenir centrale dans les prochains trimestres et prendre le pas sur la thématique « inflation ». Un « soft landing » ? Et c’est le scénario favorable des « Goldilocks » qui pourra se mettre en place, le « chemin idéal » espéré par Jerome Powell. La semaine passée a d’ailleurs pu nous en donner un aperçu sur les marchés financiers avec une solide progression des indices boursiers. Dans le cas d’une récession plus marquée, ce qui n’est pas le scénario central actuellement, la donne serait en revanche différente pour les marchés risqués, même dans le cas d’une baisse des taux des banques centrales.
Comme indiqué, la baisse de l’inflation est désormais bien engagée et cela a été une nouvelle fois confirmé par les chiffres d’inflation américains pour le mois d’octobre, sortis sous les attentes du consensus. Portée par un recul des prix de l’énergie, l’inflation globale (headline) a stagné sur le mois, ce qui permet, par le jeu des effets de base, de faire ressortir l’inflation annuelle à 3.2% contre 3.7% en septembre. La bonne surprise est venue de l’inflation core qui s’établit désormais à 4% en rythme annuel contre 4.1% le mois précédent. Les tensions sont désormais concentrées sur quelques foyers inflationnistes, notamment les loyers, alors que la progression des prix dans les services hors loyers a plutôt rassuré. Ces éléments ont également été confirmés par la baisse des prix à la production en octobre. Là aussi, et comme la très large majorité des derniers indicateurs macroéconomiques américains, les publications sont sorties sous les attentes. La baisse de l’inflation favorise la hausse du pouvoir d’achat des ménages américains, les salaires réels progressant de 0,8% sur un an. Cela se ressent en partie dans la consommation américaine, pilier de la croissance, avec des ventes au détail qui ont plutôt bien résisté sur le mois. Si les chiffres ne sont pas flamboyants et confirment une certaine prudence des Américains, leur résilience confirme l’atterrissage en douceur de l’économie américaine.
Même notre bonne vieille zone euro à l’économie déprimée a également eu le droit à quelques bonnes nouvelles. Les perspectives économiques des investisseurs ont bien rebondi sur le mois, notamment en Allemagne, même si la perception de la situation actuelle reste négative. Enfin, une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Moody’s a confirmé la notation de l’Italie en supprimant la perspective négative (ce qui est une bonne surprise) alors que des craintes sur une dégradation en High Yield existaient.
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