A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Gouvernements et banquiers centraux ont, pour le moment, et avec rapidité, répondu présent pour atténuer les effets de cette crise sans précédent. L’heure des comptes n’est pas encore venue. On a peut-être tendance à l’oublier, mais un prêt, même garanti par l’Etat, a quand même vocation à être remboursé et in fine quelqu’un devra bien payer l’addition. Mais pour l’heure la principale question est plus de savoir si l’ensemble des mesures mise en place permettra de faire à la dégradation en cours. En effet, les chiffres pour le premier trimestre, qui continuent de sortir, montrent bien l’ampleur du choc économique.
En Chine, le PIB pour le premier trimestre est ressorti à -6.8% en rythme annualisé (contre +6% sur le T4 2020). La publication, par les autorités chinoises, d’un PIB estimatif en seulement deux semaines prête toujours à sourire. Il s’agit néanmoins de la première contraction depuis le début des publications au début des années 90. Les chiffres sur le mois de mars, où les restrictions ont été assouplies, sont plus mitigés. Même si la production industrielle chinoise restera impactée tant que la demande en Europe et aux Etats-Unis ne repartira pas, elle a néanmoins rebondi sur le mois avec la réouverture des usines (-1.1% sur le mois contre -8.4% sur le trimestre en glissement annuel). La tendance sur les ventes aux détails est moins marquée (-15.8% sur le mois contre -19% sur le trimestre en glissement annuel). Aux Etats-Unis, la dégradation du marché de l’emploi se poursuit avec 5.24 millions de nouvelles inscriptions au chômage sur la semaine soit près de 22 millions sur 1 mois. C’est peu ou prou le nombre d’emplois créés depuis 11 ans outre-Atlantique… même si naturellement on peut espérer qu’une bonne partie de ces emplois seront récupérés d’ici la fin de l’année. La plupart des autres indicateurs publiés pour le mois de mars confirment le trou d’air à venir pour l’économie américaine (-8.7% pour les ventes aux détails contre -8% attendu et -0.5% en février et -5.4% pour la production industrielle contre -4% attendu et +0.6% en février) alors que les restrictions se sont mises en place tardivement. Donald Trump, qui veut rouvrir l’économie au plus vite, a ainsi annoncé un plan de déconfinement graduel qui ménage la chèvre et le chou et qui permettra aux Etats le moins impactés de redémarrer plus rapidement. Après les bancaires qui ont ouvert le bal des publications de résultats marquant une forte augmentation des provisions pour prêts défectueux, près de 500 entreprises américaines publieront leurs résultats cette semaine ce qui pourra être un catalyseur pour le marché.
Enfin, notons que la dégringolade continue sur le pétrole qui est passé sous les 15$ pour le WTI ce matin, une première depuis 1999. La pression va s’accentuer sur le pétrole de schiste américain quand on sait quand 2019 seul 10% des opérateurs couvraient leur besoin de financement… avec un baril à 60$. (https://oilprice.com/Energy/Crude-Oil/Do-US-Shale-Drillers-Deserve-To-E…)