Dans un marché actions US porté par la thématique des modèles d’intelligence artificielle générative et plus globalement par les technologies liées à l’IA, l’attention des investisseurs s’est détournée des statistiques économiques et des discours des banquiers centraux pour se concentrer sur une seule société : Nvidia. L’action la plus importante sur la planète Terre d’après Goldman Sachs ! La frénésie autour du titre était d’ailleurs palpable avec des montagnes de produits dérivés traités, certains mettant même en place des paris assez fous comme l’option d’achat visant un cours de l’action à 1300$ le vendredi, soit presque le double du niveau de mercredi. Pourquoi un tel intérêt du marché ? Peu connu du grand public il y a encore un an, Nvdia a profité du très fort engouement autour de l’intelligence artificielle (IA) pour atteindre des sommets boursiers (capitalisation proche de 2000 Mds $). De fait, le groupe conçoit des cartes graphiques (GPU) qui sont indispensables aux développeurs de modèles d’IA (OpenAI, Meta, Google...). Nvidia n’a en tout cas pas déçu alors que la barre était déjà placée très haut en termes d’attentes. Ainsi, en 2023, les revenus se sont établis à 60,9 Mds $, plus du double par rapport à l'année précédente ! Sans surprise l’action s’est envolée après cette excellente publication, entraînant dans son sillage un fort rallye des marchés américains et européens qui ont battu records sur records. Certes, cette très bonne performance s’explique par une saison des résultats globalement rassurante mais le récent dicton “As goes Nvidia, so goes the market” semble être bel et bien véridique.
Bien qu’éclipsée par Nvidia, la publication des minutes de la Fed ne doit pas être oubliée. Celles-ci ont confirmé que l’heure était encore à la prudence : les membres de l’institution notent les progrès réalisés sur l’inflation mais ils étaient aussi nombreux à souligner le risque de constater une détente trop rapide des conditions financières. Même message du côté de la BCE qui affiche un ton très prudent face à la crainte d’une inflation persistante. Vendredi, Christine Lagarde a ainsi indiqué que les signes de ralentissement de la croissance des salaires observés au 4ème trimestre sont encourageants mais pas suffisants. D’ailleurs, les indices PMI préliminaires en Europe indiquent bien que le point bas en termes d’activité est proche d’être dépassé et la BCE ne semble donc pas avoir de raison de baisser urgemment ses taux directeurs. Plus en détails, l’indice PMI des services a tout particulièrement rebondi pour revenir sur le seuil de 50 en février (contre 48,8 anticipé) tandis que le secteur manufacturier déçoit (46,1 contre 46,6 en janvier) pénalisé par la faiblesse de l’activité en Allemagne (PMI manufacturier à 42,3 contre 45,5 en janvier). Aux Etats-Unis, les chiffres PMI étaient également rassurants avec une modération de l’activité dans le secteur des services en février (à 51,3 contre 52,3 anticipé) mais un PMI manufacturier qui reprend des couleurs (à un point haut depuis octobre 2022, à 51,5 contre 50,7 en janvier).
Enfin, comme précisé dans notre rendez-vous du lundi 12 février 2024, la Chine a intensifié ses efforts pour soutenir son marché boursier mais aussi sauver un secteur immobilier en berne, où la demande de crédit ne connaît toujours pas de rebond. Les autorités ont ainsi durci les règles sur les ventes à découvert tandis que la banque centrale a décidé d’assouplir plus nettement sa politique monétaire en abaissant le taux de crédit à 5 ans (taux de référence pour les prêts hypothécaires) de 25 pb à 3,95%. Si ces nouvelles ont été bien accueillies par le marché, de plus amples mesures seront sûrement nécessaires afin de restaurer durablement la confiance des investisseurs. Il convient de noter que le rebond entamé avant la trêve des congés publics du Nouvel An chinois semble se confirmer, méritant ainsi de s’y intéresser de plus près.
Si la semaine précédente était placée sous le signe de l’intelligence artificielle, les marchés devraient cette semaine recentrer leur attention sur le paysage économique. Nous suivrons ainsi, tout particulièrement, la première estimation de l'indice des prix à la consommation de février pour la zone euro et l'indice PCE aux Etats-Unis.
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