Alors que l'OMS, pour qui " le pire reste à venir ", tire à nouveau la sonnette d'alarme sur la propagation de l'épidémie, exhortant même certains pays à "se réveiller " et réellement " engager le combat ", alors que la résurgence de l'épidémie de Covid-19 dans certains pays d’Europe oblige au reconfinement d'une partie de la population (200 000 personnes en Catalogne, 700 000 à Lisbonne, …) et alors que la progression de l'épidémie ne cesse d'accélérer aux Etats-Unis au risque de déraper, les marchés financiers continuent, pour l'heure, de faire preuve d'un stoïcisme inébranlable.
Si l'effet liquidité est assurément un facteur de soutien aux marchés (cf. notre dernier rendez-vous du lundi : " TINA " plus fort que tout ?), permettant de limiter toute baisse significative, la publication de données macroéconomiques en hausse, et généralement au-dessus des attentes, en est un autre. Ces données sont pourtant à nuancer ou, a minima, à mettre en perspective avec la situation qui prévalait pré-confinement, l'amélioration par rapport au mois d'avril ou de mai étant somme toute logique.
Aux Etats-Unis, les créations d'emplois pour le mois de juin ont, de nouveau, fortement rebondi de 4.8 millions (contre 3.2 millions attendues et 2.7 millions en mai). Ce niveau est historique depuis la publication de cette statistique et a permis au marché de spéculer sur une reprise rapide de l'activité outre-Atlantique. Cependant, ce rapport ne permet pas totalement d'avoir une image claire de la santé du marché de l'emploi américain. En effet, il est difficile, dans les chômeurs déclarés, de distinguer les personnes ayant réellement perdu leur travail de celles pouvant en retrouver un rapidement. Comme le mentionne le BLS (Bureau of Labor Statistics), jusqu'à 4.9 millions de personnes pourraient être mal identifiées. Pour l'heure, le taux de chômage, redescendu à 11.1%, reste plus de 7.5 points au-dessus de son niveau de février, soit environ 10% d'emplois perdus depuis le début de la crise. La stabilisation des inscriptions hebdomadaires au chômage et les nouvelles restrictions dans certains Etats pourraient néanmoins peser sur la reprise et la confiance des consommateurs, sortie néanmoins là encore au-dessus des attentes (98.1 contre 91.5 attendue et 86.6 en mai mais 132.6 en février).
En Europe, les données confirment aussi le rebond de l'activité. En Allemagne, par exemple, les ventes au détail sont ainsi revenues en positif en glissement annuel (3.8% contre -6.4% en avril) et le taux de chômage se stabilise à 6.4% (contre 6.3% le mois précédent et 5% pré-crise). Cependant, les PMI pour la zone euro restent encore en territoire de contraction. Restons attentifs aux chiffres de progression de l’épidémie qui pourraient remettre en cause la reprise de l’activité et sortir les marchés de leur impassibilité.