Retour en octobre 2017. Le bilan de la Fed atteint près de 4 500 milliards de dollars, soit 5 fois plus qu’avant la crise des subprimes de 2008, et entame une cure d’amaigrissement avec un objectif de réduction d’un tiers d’ici fin 2020. Janet Yellen, alors Présidente de l’institution, œuvre à en minimiser la portée, le processus de réduction du bilan de la Fed devant être aussi ennuyeux que de « regarder une peinture sécher ».
Près de quatre ans plus tard, la crise de la Covid-19 est passée par là et le bilan de la Fed atteint désormais plus de 8 300 milliards de dollars. Si la réduction du bilan de la Fed n’est pas (encore) d’actualité, Jerome Powell est, en revanche, à la manœuvre pour entamer la première étape de la diminution progressive de la politique d’assouplissement monétaire et réussit, pour le moment, à préparer les marchés au tapering sans faire de vagues. En effet, son discours, lors du tant attendu symposium de Jackson Hole, grand-messe des banquiers centraux, n’aura finalement engendré que peu de réactions sur les marchés financiers alors que le Président de la Fed a confirmé sa volonté d’une réduction des achats d’actifs d’ici la fin de l’année tout en se gardant bien de donner un calendrier précis et sous réserve d’une amélioration de la situation sanitaire. L’art de l’équilibriste...
Pourtant, en amont de la réunion de Jackson Hole, plusieurs Présidents de banques centrales régionales américaines avaient tenu des déclarations en faveur du tapering, ce qui pouvait laisser penser à une Fed résolument hawkish. Le marché avait d’ailleurs anticipé des déclarations en ce sens de la part de Jerome Powell, avec une hausse des taux 10 ans américains de près de 10 bps sur le début de la semaine. Cependant, la plupart de ces déclarations sont venues de membres non-votants du FOMC, les membres votants du comité ayant une tonalité plus équilibrée, voire légèrement dovish. Jerome Powell est donc resté dans la lignée de ses précédentes déclarations et notamment celle de la dernière réunion de la Fed de juillet. Le Président de la Fed a ainsi souligné que les données macroéconomiques étaient en ligne avec les prévisions du FOMC et de nature à permettre de commencer à réduire le rythme des achats d’actifs d’ici à la fin de l’année, tout en mettant en garde contre le risque du variant Delta, qui explique en partie les récents chiffres économiques décevants (ventes au détail, indices de confiance, ...). En d’autres termes, le Fed va rester « data dependent » et, sauf évolution majeure sur le front sanitaire, devrait acter le tapering lors de sa réunion de septembre ou novembre pour une réduction des achats d’actifs dès décembre ou janvier.
Ainsi, après avoir réussi à faire accepter aux investisseurs le transitoire qui dure (pour l’inflation), Jerome Powell arrive à amener la Fed sur le chemin du tapering sans heurts sur les marchés et les taux d’intérêts.
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