Les marchés n’attendaient que ça ! En adoptant un ton légèrement plus dovish que lors de ses dernières déclarations, Jerome Powell, dans le cadre de la réunion de politique monétaire de la Fed, a permis une détente spectaculaire des taux d’intérêt. Le taux américain à 10 ans, qui tutoyait les 5% a ainsi perdu 50 bps en quelques séances, permettant ainsi un rebond marqué des principaux marchés actions. Comment passer d’un extrême à l’autre …
Dans le détail, la Fed a laissé, sans surprise, ses taux directeurs inchangés. En revanche, le discours du président de l’institution américaine a été beaucoup moins virulent que lors de la réunion de septembre. En effet, si Jerome Powell a indiqué ne pas être totalement certain que la politique monétaire soit, à ce stade, suffisamment restrictive pour ramener l’inflation vers la cible des 2%, il a précisé, qu’après l’ampleur du resserrement déjà effectué, le risque d’une hausse de trop est désormais davantage équilibré avec le risque d’en faire trop peu. Alors que la politique monétaire est déjà en territoire restrictif et que les incertitudes sur l’impact de l’environnement de taux sur l’économie sont grandes, les membres du FOMC ne veulent pas dégrader trop fortement le marché de l’emploi (qui constitue le deuxième mandat de la Fed). La Fed est donc extrêmement prudente quant à un potentiel durcissement supplémentaire et préfère se laisser du temps pour observer la diffusion de la politique monétaire à l’économie. Si Jerome Powell a naturellement laissé entendre que d’autres hausses restaient possibles, il a refusé de confirmer les derniers « dots » qui tablaient sur une hausse supplémentaire. Plus qu’une nouvelle pause, cette réunion de la Fed marque, selon nous, LA pause de la banque centrale américaine dans son cycle de resserrement monétaire comme nous l’anticipons depuis fin juillet.
La patience de la Fed semble, en tout cas, être payante puisque la majorité des indicateurs macroéconomiques publiés la semaine dernière outre-Atlantique est sortie sous les attentes et confirme le ralentissement de l’économie américaine. Du côté du marché du travail, si Jerome Powell avait indiqué lors de la réunion du FOMC que celui-ci restait tendu, quoiqu’en rééquilibrage grâce à l’augmentation du taux de participation, les créations d’emplois en octobre ont déçu et le taux de chômage a augmenté de 0.1 point à 3.9%. Bien qu’encore historiquement bas, ce taux constitue un plus haut depuis janvier 2022. Dans le même temps, les tensions salariales sont également moins fortes. Ce rapport sur l’emploi confirme donc un marché du travail moins tendu, élément primordial pour une baisse durable de l’inflation.
Du côté de la zone euro, le ralentissement économique ne fait plus de doute avec un PIB en contraction sur le troisième trimestre et un nouveau ralentissement de l’inflation à 2.9% en rythme annuel. On notera, de façon assez surprenante, que malgré le grand écart entre les dynamiques économiques et d’inflation entre l’Europe et les États-Unis, les politiques monétaires restent, pour l’instant, sur la même longueur d’onde.
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