Le nouveau variant détecté en Afrique du Sud aura ébranlé les marchés financiers vendredi dernier. Omicron, quinzième lettre de l’alphabet grec, provient du phénicien Ayin dont la signification est « œil ». Gageons que la communauté scientifique, les médias et les marchés garderons Omicron à l’œil. Si sa virulence semble, pour l’heure, bien établie en matière de contagiosité, l’intensité de sa résistance aux vaccins reste encore à confirmer, tout comme son degré de létalité. Il n’en fallait néanmoins pas plus pour que les marchés dévissent en pleine période de Thanksgiving et de Black Friday traditionnellement plus favorable à l’intensification des mouvements de marché induits par de très faibles volumes. La crainte de sa propagation et celle de son impact sur la croissance ont ainsi suffi à déclencher un mouvement brutal de correction. Il faudra probablement plusieurs semaines pour mieux connaître ce nouveau variant selon l’OMS et environ trois mois pour espérer être dotés d’un nouveau vaccin spécifique si les vaccins actuels devaient être moins ou peu efficaces. Ainsi, deux périodes d’incertitude s’ouvrent devant nous et, lapalissade, les marchés n’aiment pas l’incertitude.
Alors que l’Europe subissait déjà de plein fouet une cinquième vague de contaminations, obligeant certains pays à réinstaurer des mesures de restriction, l’annonce par l’Afrique du Sud de la découverte de ce nouveau variant a entraîné de la part de nombreux pays des fermetures de frontières plus ou moins ciblées, les pays d’Afrique australe étant les plus impactés par ces restrictions (l’Afrique du Sud paye d’ailleurs cher, et un peu rapidement, sa réactivité et sa transparence). Si les premiers retours font état d’une efficacité des vaccins sur les cas les plus graves, il convient de noter que la population africaine a un taux de vaccination très faible (moins de 25% de la population en Afrique du Sud par exemple) ce qui limite les observations à grande échelle.
Quelles conséquences à court et moyen terme pour les marchés ? Tâchons de rester positifs ! Les laboratoires sont déjà sur le pied de guerre pour analyser ce nouveau variant. Sachant qu’ils ont mis moins de 9 mois pour mettre au point le premier vaccin, une adaptation des vaccins existants prendrait moins de 100 jours selon Pfizer et Moderna. Une question reste en suspens : la plus grande contagiosité de ce variant (si totalement avérée) pourrait-elle mettre encore plus sous pression les pays européens qui subissent déjà une 5ème vague significative? Du côté macroéconomique, les gouvernements sont mieux préparés même si un ralentissement de l’activité est attendu, surtout dans les secteurs liés au tourisme. Cela est d’autant plus vrai pour les pays qui pratiquent encore la stratégie « zéro covid » comme la Chine. Du côté des politiques monétaires, on peut légitimement penser que les banques centrales décaleront, au moins pour le mois de décembre, leurs annonces de restriction monétaire afin d’avoir une meilleure visibilité des conséquences de ce nouveau variant.
Si la quinzaine qui s’ouvre, nécessaire pour savoir si les vaccins existants sont adaptés ou non, sera volatile, nous avons néanmoins profité (selon le cahier des charges de chaque portefeuille) du creux du marché pour nous renforcer à la marge. Le marché obligataire offre des opportunités suite à l’écartement des spreads alors qu’il continuera d’être soutenu par des liquidités abondantes. Sur les marchés actions, nous sommes plus sélectifs afin d’éviter de subir de futures rotations sectorielles trop violentes.
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