Les semaines se suivent et se ressemblent sur les marchés financiers, qui soufflent le chaud et le froid, entre soutien monétaire et rebond de l’activité d’une part et craintes au sujet de l’épidémie de Covid-19 d’autre part. Aux Etats-Unis, la situation sanitaire continue de se dégrader à un rythme inquiétant dans la très grande majorité des Etats. Outre le nombre de nouveaux cas qui bat record sur record (plus de 71 500 vendredi), le nombre de morts commence à réaccélérer avec une saturation des services de réanimation dans les Etats les plus touchés, preuve que l’augmentation du nombre de tests n’explique pas tout comme voudrait bien le faire croire Donald Trump, qui est d’ailleurs apparu pour la première fois avec un masque. La crainte d’un reconfinement, même partiel, est donc de plus en plus forte même si, pour l’heure, de nombreux gouverneurs s’y refusent, le dilemme santé / économie étant beaucoup trop fort. D’autant plus que, dans les Etats ayant remis en place des restrictions, certains indicateurs « haute fréquence » commencent au mieux à stagner ou au pire à repartir à la baisse. C’est par exemple le cas des réservations quotidiennes dans les restaurants qui, selon l’application Open Table, repartent significativement à la baisse dans les Etats du Sud. Le chiffre d’affaires des réservations locatives (du type Airbnb) et des compagnies aériennes marque également le pas. Si ces indicateurs sont pour le moment restreints à des secteurs bien spécifiques, ils sont de nature à remettre en cause le rebond rapide de l’activité observé en juin. L'activité du secteur des services a en effet accéléré plus que prévu en juin pour repasser en territoire d’expansion. L’ISM des services est ainsi ressorti à 57.1 (contre 50.2 attendu et 45.4 en mai), tiré par l'augmentation des commandes à l'exportation. Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont également continué de diminuer sur la semaine du 4 juillet, encore une fois au-delà des attentes (1.314M contre 1.375 attendus et 1.427M la semaine précédente). Malgré tout, un nouveau plan de relance semble inévitable alors que les aides exceptionnelles pour les chômeurs vont prendre fin même si pour l’heure les Républicains refusent de les prolonger en l’état.
Les investisseurs continuent, à ce stade, de voir le verre à moitié plein, peut-être persuadés qu’un reconfinement total n’aura pas lieu ou que les soutiens seront plus massifs si besoin, alors que s’ouvrent la période estivale et la saison des résultats qui s’annonce comme la pire depuis 2008. Les estimations de résultats, pour le deuxième trimestre 2020, pour le S&P500 ont d’ailleurs été revues drastiquement à la baisse depuis fin mars (à -44.6% contre -13.6% à fin mars), peut-être pour se ménager la possibilité de bonnes surprises…