Les marchés actions montent inexorablement, battant record sur record aux Etats-Unis et se rapprochant de leur plus haut en Europe (hors dividendes réinvestis bien sûr !). Le CAC 40 n’est ainsi plus qu’à quelques pourcentages de son plus haut historique des années 2000, avant l’éclatement de la bulle Internet. Si les stigmates de la crise de la Covid-19 sont encore présents, notamment sur le vieux continent, les agents économiques, qui anticipent à 6 mois, voire plus, sont déjà dans la phase de retour à la vie normale avec une réouverture totale des économies. La hausse à venir des bénéfices des entreprises participe donc à la hausse des marchés actions. Pourtant, le facteur prépondérant dans les mouvements des marchés financiers reste les flux.
Ainsi, selon Bank of America, sur les 5 derniers mois, les investisseurs ont injecté 576 milliards de dollars dans les fonds actions, soit plus qu’au cours des 12 dernières années cumulées (452 milliards de dollars) ! Cette augmentation des flux serait essentiellement à mettre à l’actif des ETF alors que les « mutual funds » seraient plutôt en décollecte, ce qui montre le caractère assez opportuniste et moutonnier de cette hausse des encours. Les banques centrales en sont naturellement les principales responsables avec une croissance continue de leur bilan et de la masse monétaire en circulation. Avec des taux qui restent malgré tout relativement bas, les alternatives à la recherche de rendement ne sont pas légion (phénomène TINA : There Is No Alternative). Et à lire les minutes du FOMC et de la BCE, suite à leur dernière réunion de politique monétaire de mi-mars, la tendance ne devrait pas changer…du moins pour le moment. La situation est relativement plus simple pour la BCE que pour la Fed : avec peu de pressions inflationnistes, une économie encore en convalescence et un soutien budgétaire limité au niveau européen, la décision d’augmenter le rythme des achats d’actifs par le PEPP fait plutôt consensus, les membres de l’institution étant préoccupés par une hausse trop rapide des taux qui pourrait mettre à mal la reprise. En revanche, la situation de la Fed est plus ambivalente. Car, si Jerome Powell continue de dire que la banque centrale n’est pas prête à réduire son soutien à l’économie, les membres du FOMC sont plus partagés sur le caractère conjoncturel ou non de la hausse de l’inflation. Pour plusieurs membres, « les perturbations dans l'approvisionnement et la forte demande pourraient faire grimper l'inflation plus que prévu ». Pour le président de la Fed, l’économie américaine se trouve à un « point d'inflexion », avec comme seul et unique risque une reprise de l’épidémie alors que la croissance et les créations d’emploi vont croître rapidement. S’agit-il ici également d’un point d’inflexion dans le discours de Jerome Powell qui commencerait peut-être à préparer le marché à la fermeture à venir, et donc plus rapidement que prévu, des vannes ? Même si le marché considère que la Fed augmentera ses taux plus rapidement que ce qu’elle annonce, un changement trop brutal dans son discours pourrait tout aussi rapidement faire dégonfler les marchés, comme ce fut le cas en 2018.