Les semaines se suivent avec la désagréable sensation, au risque de se répéter, que la dynamique entre les trois principales zones est déjà jouée d’avance. Si le flou politique, des deux côtés de l’Atlantique, freine la reprise économique et est source d’incertitudes, le potentiel de croissance aux Etats-Unis reste néanmoins largement supérieur à celui du vieux continent à court terme, une fois les élections passées, alors qu’en Chine les stigmates de la crise semblent déjà loin. En effet, l’épidémie y reste maîtrisée depuis maintenant plusieurs mois et la réaction des autorités à l’apparition de nouveaux cas (généralement importés) est immédiate. L’activité économique est donc quasiment revenue à la normale tirée à la fois par le secteur industriel, qui profite de la reprise du commerce mondial, et des services tirés par la consommation intérieure. Le PIB pour le 3ème trimestre, bien que légèrement sous les attentes, confirme la reprise avec une croissance de 4.9% en glissement annuel (contre 3.2% au 2ème trimestre). Par ailleurs, les statistiques économiques de septembre permettent d’anticiper une poursuite de la dynamique pour la fin d’année : la production industrielle continue en effet d’accélérer (+6.9% contre +5.6% en août) et les ventes au détail redécollent enfin (+3.3% contre +0.5% en août). La Chine reste donc pour l’heure le grand gagnant de cette crise et sera le seul grand pays à afficher une croissance positive en 2020 (+1.9% prévue en 2020).
Aux Etats-Unis, malgré les déclarations de bonnes volontés, les possibilités d’un accord sur le plan de relance avant les élections sont de plus en plus minces. Cependant, post-élection, la probabilité d’une issue favorable reste élevée et devrait permettre de maintenir la dynamique des derniers mois dans un contexte monétaire accommodant. L’enjeu du plan de relance est en effet crucial pour maintenir la croissance américaine, car si pour l’heure la consommation des ménages tient encore malgré la baisse de revenu (les ventes au détail de septembre sont d’ailleurs largement sorties au-dessus des attentes), la production industrielle est en repli pour le 2ème mois consécutif, l’incertitude politique impactant les investissements des entreprises. Enfin en Europe, la propagation de l’épidémie et les nouvelles mesures de restrictions (France, Pays-Bas, Belgique, …) font craindre le pire pour la reprise de la croissance, avec un secteur des services durablement impacté, alors que les blocages politiques sont là aussi nombreux, notamment au sujet du Brexit où Boris Johnson continue de tenir une ligne dure, en demandant par exemple à son pays de se tenir prêt pour un « no deal ».
Néanmoins, malgré ces incertitudes, la croissance pour 2020 devrait être meilleure qu’attendue. Comme l’a rappelé le FMI, les 12 000 milliards de dollars de soutien depuis le début de la crise ont permis de limiter son l’impact. L’institution a ainsi revu à la hausse ses prévisions de croissance pour cette année (-8.3% contre -10.2% en Europe, -4.3% contre -8% aux Etats-Unis) mais a revu celles de 2021 à la baisse, consciente que les cicatrices de la crise mettront plus de temps à se refermer.