Alors qu’on aurait pu s’attendre à un rabotage de l’enveloppe, le plan de relance voulu par Joe Biden est quasiment passé sans encombre au Sénat. Si l’augmentation du salaire minimum avait été enlevée du texte pour faciliter son approbation, les 1 900 milliards de dollars ont été conservés et votés en l’état. Le texte doit être maintenant validé définitivement par la Chambre des représentants cette semaine pour une mise en application dès la mi-mars, permettant ainsi de prendre le relais du précédent plan de 900 milliards de dollars voté en décembre. Contrairement à l’Europe, les aides américaines visent essentiellement à soutenir la consommation des ménages américains, notamment les plus modestes. Parmi les principales mesures : un nouveau chèque de 1 400$ pour les personnes gagnant moins de 80 000$ et une allocation chômage complémentaire de 300$ par semaine jusqu’en septembre. Le rebond de la consommation, initié en janvier, devrait donc se poursuivre, voire s’accentuer, d’autant que la situation sanitaire continue d’évoluer favorablement outre-Atlantique avec une campagne vaccinale qui se poursuit à marche forcée. A date, près de 18% de la population ont déjà reçu une dose (soit plus de 58 millions de personnes pour 88 millions de doses administrées au total) pour un rythme de plus de 2 millions de doses injectées par jour. L’amélioration de la situation sanitaire profite largement au marché de l’emploi. Les données publiées vendredi sont ainsi ressorties au-dessus des attentes (+379k contre +200k attendues) avec une révision à la hausse des chiffres de janvier (+166k contre +49k) et d’importantes créations d’emploi dans les secteurs le plus sinistrés par la crise (loisirs, hôtellerie, …). Tous ces éléments sont donc de nature à booster la croissance américaine cette année, que certains anticipent désormais supérieure à 8%.
Dans ce contexte, et sur fond de hausse des taux, Jerome Powell continue de marcher sur un fil dans ses déclarations, quitte à décevoir les marchés. Si le président de la Fed continue de répéter inlassablement que les taux resteront durablement bas (pas de hausse des taux avant fin 2023 alors que le marché anticipe une hausse beaucoup plus tôt), il reste en revanche relativement mesuré sur le mouvement actuel des taux longs. Il faut dire que cette hausse, en lien total avec la reprise économique américaine, et le dégonflement de la bulle tech, sans intervention de la Fed ne sont pas pour lui déplaire … tant que les mouvements restent mesurés.
Christine Lagarde, qui s’exprimera jeudi suite à la réunion de la BCE, aura également fort à faire. La BCE devrait rester plus « dovish » que son homologue américaine, la hausse des taux étant beaucoup plus problématique sur le vieux continent. L’écart (de dynamisme et de taux) entre les Etats-Unis et l’Europe, un temps rapproché par la crise, est donc amené à se creuser.