La seconde (et non pas deuxième, gardons espoir) vague est bien là ! L’OMS a en effet annoncé, pour le troisième jour consécutif, avoir enregistré un niveau record de contaminations avec près de 500 000 nouveaux cas. Naturellement, ces chiffres sont difficilement comparables avec ceux qui prévalaient au printemps dernier, du fait de l’explosion du nombre de tests réalisés, mais l’augmentation du taux de positivité à ces tests confirme la ré-accélération de l’épidémie. Conséquemment, les mesures de restrictions se multiplient. En Espagne, par exemple, le Premier Ministre Pedro Sanchez a annoncé l'instauration d'un état d'urgence sanitaire jusqu'au début du mois de mai 2021 alors que l’Italie a ordonné la fermeture des cinémas, théâtres, salles de gym et piscines tandis que bars et restaurants devront cesser de servir après 18 heures. Ces mesures de restrictions, pour contrer la seconde vague, fragilisent l’économie européenne. Ainsi, après deux mois de ralentissement, la zone euro est repassée en phase de contraction en octobre. Le PMI préliminaire composite est en effet sorti sous les 50 à 49.4 impacté par les services qui continuent de s’enfoncer dans le rouge (PMI services à 46.2 contre 47 attendu et 48 en septembre). L'activité du secteur manufacturier a en revanche dépassé les attentes avec un indice au plus haut depuis 26 mois à 54,4 et continue de profiter d’un effet d’inertie plus fort et de la bonne dynamique de l’économie chinoise. La BCE, qui doit tenir sa réunion de politique monétaire cette semaine, est donc sous pression. Les marges de manœuvre restent faibles pour l’institution de Francfort et peu de nouvelles mesures concrètes sont attendues (l’enveloppe du PEPP n’a pas encore été totalement utilisée) même si la discours de Christine Lagarde devrait rester très accommodant. Par ailleurs, la fracture entre pays du nord et du sud est toujours présente. Si le gouverneur de la banque centrale espagnole a, par exemple, proposé de recalibrer les dispositifs en cours voire d’en instaurer de nouveaux, le gouverneur de la banque d’Autriche ne voit lui pas l’urgence de renforcer le soutien monétaire. Du côté des bonnes nouvelles (parce qu’il y en a), la reprise des discussions, comme on pouvait s’y attendre, entre Londres et Bruxelles confirme la volonté des deux camps d’éviter le scénario du pire même si des divergences profondes demeurent, notamment sur les règles applicables en matière de concurrence, le règlement des différends et la pêche (point sensible pour Paris). Notons également le relèvement de la perspective de « négative » à « stable » de la notation italienne par S&P. Pour l’agence, la politique monétaire ultra-accommodante de la BCE a permis de compenser l’impact sur les finances publiques italiennes de la crise du Covid-19.
Les marchés financiers semblent, pour l’heure, ne pas céder à la panique d’une seconde vague. Le marché du crédit reste en effet résilient et la baisse des actions la semaine dernière est davantage due à une rotation sectorielle. L’élection américaine reste le prochain point d’étape avec une relance budgétaire massive en perspective (comme l’anticipent les taux américains) qui soutiendrait les marchés. A moins que le coronavirus n’entraîne, une nouvelle fois, tout sur son passage, même si l’arrivée prochaine d’un ou de plusieurs vaccins sur le marché est de plus en plus probable (cf. notamment AstraZeneca et Pfizer).