La situation en deviendrait presque risible et digne d’une série de sketches des Monty Python. Dans la saga Brexit, commencée en juin 2016, les différents protagonistes ont donc décidé de repousser jusqu’au bout l’épilogue d’un feuilleton qui n’a que trop duré et dont les conséquences pourraient être moins drôles. Alors que la situation semble toujours bloquée sur les éternels même points (accès aux eaux britanniques pour les pêcheurs européens, règles de concurrence équitable et mécanisme de résolution de différends), la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique, Boris Johnson, ont convenu ce dimanche de prolonger les discussions dans l’espoir d’une solution miracle. Entre réelles convictions de parvenir à une issue positive et peur de prendre ses responsabilités politiques en cas d’échec, la frontière est ténue. Le « money time » sera, quoi qu’il arrive, de courte durée. A moins d’un énième rebondissement, le dénouement est attendu pour le 1er janvier 2021.
Outre le feuilleton Brexit, les 27 se sont enfin mis d’accord sur le plan de relance de 750 milliards et le budget communautaire 2021-2027 de 1 074 milliards, initiés durant l’été, après la levée des vétos polonais et bulgare sur la question de l’Etat de droit. Comme nous l’avions mentionné dans notre Rendez-Vous du lundi du 30 novembre, la réalité économique a rattrapé ces deux pays, les autres Etats menaçant de faire sans eux et de les priver de plusieurs milliards d’aides, notamment via la baisse du fonds de cohésion, dont ils bénéficient grandement. Si cet accord a été acquis dans la douleur après plusieurs atermoiements, il n’en reste pas moins historique et marque le début d’un fédéralisme européen avec l’émission d’une dette commune.
Enfin, la BCE tenait, la semaine dernière, sa dernière réunion de politique monétaire. Si les décisions annoncées ne sont pas une réelle surprise, d’aucuns s’attendaient à plus, au vu des précédentes déclarations de Christine Lagarde sur le recalibrage à venir de l’ensemble des outils de l’institution. Mais force est de constater, que dans un contexte économique incertain, les marges de manœuvre de la BCE restent limitées. Parmi les annonces de la banque centrale, il convient de noter de nouveaux programmes de financement à long terme pour les banques (TLTRO) censés favoriser l’octroi de crédit et l’augmentation de l’enveloppe de son programme de rachat d’actifs d’urgence (PEPP) de 500M€ à 1 850 Mds€ tout en prolongeant sa durée de 9 mois jusqu’en mars 2022. Les débats ont, semble-t-il, été animés, les membres les plus « faucons » étant réticents à de nouveaux assouplissements monétaires. Pour trouver un compromis, l’enveloppe du PEPP ne serait pas utilisée en totalité en cas d’amélioration du contexte macroéconomique. Une certitude néanmoins, le biais accommodant de la BCE ne risque pas de changer.