Nos Rendez-Vous du Lundi

Le chemin est encore long

Rédigé par Thomas GIUDICI | 10 oct. 2022 16:35:45

 

Lundi dernier, l’optimisme était au rendez-vous, conforté par un gouvernement britannique plus raisonnable et par l’espoir (ou plutôt l’illusion) de voir les banques centrales ralentir prochainement le rythme de leur resserrement monétaire à l’image de la Reserve Bank of Australia (RBA) qui a surpris avec un relèvement moindre de son principal taux directeur (seulement 25 bps). Restons réalistes : la réduction des tensions sur le marché du travail est une étape nécessaire pour espérer une politique monétaire de la Fed moins restrictive. Or, la publication, lundi, de l’indice ISM manufacturier du mois de septembre signale un pas de plus vers cet objectif avec une contraction de la composante emploi. Les résultats de l’enquête JOLT du mois d’août ont également envoyé un signal encourageant : le nombre de postes à pourvoir a reculé de 1,1 million pour revenir à 10,1 millions, ce qui constitue la plus forte baisse sur un mois depuis 20 ans en excluant le confinement de 2020. Mais il ne faut pas se leurrer, le chemin est encore long et le secteur des services, principal pourvoyeur d’emplois, reste résistant comme l’atteste l’ISM des services de très bonne facture
(à 56,7 vs 56,0 attendu et après 56,9 en août). Le rapport sur l’emploi, vendredi, a d’ailleurs confirmé qu’il était trop tôt pour crier victoire, décevant les attentes du marché qui escomptait un net ralentissement. La dynamique des salaires est rassurante avec un début de stabilisation (+0,3% en glissement mensuel) mais les créations d’emplois non agricoles, bien qu’en baisse, ressortent à un niveau plus élevé que ce qui était attendu (+263k) et le taux de chômage recule même de 3,7% à 3,5% en septembre. Même constat sur la vigueur du secteur des services qui affiche un gain en effectifs contre une perte d’emplois côté distributeurs. Un changement de rhétorique des banques centrales n’est donc pas encore d’actualité, les diverses prises de parole des membres de la Fed et les minutes de la BCE ayant d’ailleurs réitéré les craintes quant à l’inflation et la nécessité d’action malgré le risque pour la croissance. Même la recommandation des Nations Unies (CNUCED) auprès de la Fed et des autres banques centrales de cesser leurs hausses de taux d’intérêt ne suffira sûrement pas à modifier leur ligne de conduite à court terme !

Côté marchés financiers, une fois de plus les nouvelles positives sur le front économique aux Etats-Unis (visées ci-dessus) ont dissipé l’euphorie de début de semaine pour laisser place à une forte tension sur les taux souverains.  Encore une fois, en cette période bien singulière, « good news is bad news ». La tension sur les taux a d’ailleurs été exacerbée par la décision de l’OPEP de couper de 2 Mb/j sa production par rapport aux niveaux de référence, ce qui risque d’entretenir les pressions inflationnistes. En Europe, la question de l’énergie reste centrale entre des pays qui n’arrivent pas à se coordonner sur un dispositif de plafonnement des prix du gaz et le conflit russo-ukrainien qui s’enlise. L’explosion qui a partiellement détruit le pont de Crimée samedi matin laisse présager une riposte d’ampleur de la Russie.

La semaine dernière, majeure sur le front des statistiques, n’a pas permis d’apporter plus de visibilité quant au potentiel « pivot dovish » de la Fed et c’est donc avec attention que nous suivrons le chiffre d’inflation (CPI US) qui sera publié jeudi ainsi que le début de la saison des résultats, alors que les profit warnings se multiplient (AMD, Samsung…).

Pour accéder au Rendez-vous du Lundi complet avec nos vues de marchés et le graphique de la semaine, merci de cliquer sur le bouton plus bas.