Alors que les développements au cours de la semaine pouvaient laisser espérer un accord entre Républicains et Démocrates sur un nouveau plan de soutien budgétaire, il n’en a finalement rien été ! En l’absence de consensus, les Démocrates de la Chambre des représentants ont décidé de voter leur propre plan de relance, accepté de justesse avec 214 voix « pour » et 207 voix « contre ». Mais avec aucun vote des élus Républicains, autant dire que le passage du texte au Sénat, à majorité républicaine, est voué à l’échec.
Pourtant, le temps presse. Les données américaines montrent clairement des signes de ralentissement. L’ISM manufacturier, bien que toujours en zone d’expansion, a par exemple marqué un point d’inflexion par rapport au mois précédent (55.4 contre 56) alors que le marché l’attendait en progression. Sur le marché de l’emploi, le fort rebond des derniers mois n’est plus d’actualité. Les créations d’emplois pour septembre ralentissent également fortement (661k contre 1489k en août et 859k attendues) et la baisse du taux de chômage de 0.50% est à mettre en perspective avec la baisse du taux de participation (61.4% contre 61.7%). L’enjeu du vote d’un nouveau plan de relance budgétaire est donc crucial pour éviter un effondrement de la consommation, principal moteur de la croissance américaine. Car si pour l’heure les dépenses de consommation sont toujours bien orientées (+1% en août après +1.9% en juillet mais toujours -3.2% sur un an glissant), la fin des prestations chômage a déjà un impact sur le revenu des ménages américains (-2.7% en août après +0.4% en juillet) même si ces derniers sont toujours supérieurs au niveau pré-crise (+4.7% en glissement annuel). Le temps est donc compté pour sortir de l’impasse politique et éviter un dérapage de la croissance au quatrième trimestre. Par ailleurs, l’annonce, ce week-end, de la contamination de Donald Trump et d’une partie de son équipe au Covid-19, est de nature à renforcer le flou sur les élections américaines.
En Europe, le tableau n’est pas beaucoup plus rose et, alors que la situation sanitaire se dégrade, les points de blocage politique demeurent. En interne tout d’abord, le conditionnement du plan d’aide au respect de l’Etat de droit bloque son déploiement au niveau du Parlement Européen. Pour l’ambassadeur allemand, « sans un accord général rapide nous courons le risque de retarder le plan de relance » en 2021. Tensions politiques avec le Royaume-Uni également, avec la mise en demeure envoyée par Bruxelles à Londres sur sa loi sur le marché intérieur votée récemment. Un nouveau round de 15 jours s’ouvre aujourd’hui après l’échec du dernier. Si, comme depuis bientôt 4 ans, un accord in extremis reste le scénario central, Boris Johnson continue de jouer la carte de la provocation. Pour lui, « le Royaume-Uni pourrait aussi très bien s’en sortir sans accord ».