Il aura donc fallu attendre quatre jours, et plusieurs rebondissements, pour que les médias américains et Joe Biden lui-même annoncent la victoire du camp démocrate à l’élection présidentielle. Si Donald Trump n’a pas encore abandonné et préfère, pour le moment, jouer au golf, il devrait contester la victoire de son adversaire dans plusieurs Etats. La messe semble pourtant dite, avec un résultat finalement moins serré qu’initialement annoncé. Joe Biden devrait en effet totaliser plus de 300 grands électeurs sur les 270 nécessaires pour être élu Président. Bernie Sanders, candidat malheureux à l’investiture démocrate, avait prédit, il y a quelques mois, dans la célèbre émission de Jimmy Fallon « The Tonight Show », ce basculement de situation à la faveur du dépouillement des votes par correspondance, plus favorables au candidat démocrate, et qui représentent tout de même plus de 100 millions de bulletins. Un record ! Si la participation historique, au plus haut depuis plus d’un siècle, peut montrer un certain rejet de la politique de Donald Trump et notamment de sa gestion de la crise sanitaire, le candidat républicain totalise néanmoins près de 70 millions de voix (ce qui le classe deuxième au palmarès du vote populaire entre Biden et Obama). La fracture au sein de l’électorat américain est donc profonde.
Cette élection était aussi l’occasion de renouveler, pour tout ou partie, les élus des deux chambres du Congrès. Si les Démocrates devraient conserver leur majorité à la Chambre des représentants (en perdant néanmoins quelques sièges), la majorité au Sénat ne sera pas connue avant le 5 janvier et un second tour nécessaire en Géorgie pour l’attribution des deux derniers sièges. Les Démocrates ont besoin de remporter ces deux sièges pour revenir à égalité au Sénat et prendre son contrôle grâce à la constitution américaine qui prévoit que la vice-présidente Kamala Harris puisse trancher en cas d’égalité des votes. En attendant, ce sont les élus actuels qui devront s’entendre pour valider le tant attendu nouveau plan de relance budgétaire, et les bonnes statistiques publiées la semaine dernière (créations d’emplois, chômage, …) devraient pousser les Républicains à vouloir maintenir un plan plus modeste.
Même si ces résultats sont une surprise par rapport à la vague bleue qui était pressentie, les marchés n’en ont pas tenu compte et affichent sur la semaine des performances assez impressionnantes, peut-être satisfaits de cet « entre-deux » où le maintien d’un Congrès divisé permettrait de limiter les durcissements réglementaires et les hausses d’impôts. Au niveau international, la fin de la diplomatie du tweet est une bonne nouvelle mais pas sûr pour autant que les réalités géopolitiques changent réellement. Ajoutons à cela l’annonce de Pfizer sur l’efficacité de son vaccin expérimental contre la Covid-19 et il n’en faut pas plus pour faire s’envoler les marchés.