Les conséquences des tensions au Moyen-Orient sont, pour l’heure, toujours relativement minimes pour les marchés financiers, à l’instar, par exemple, du prix du baril qui n’a pas réagi outre mesure. Pourtant, l’attaque historique de l’Iran sur Israël pouvait logiquement faire craindre le pire. En effet, comme nous l’écrivions dans notre dernier rendez-vous du lundi, si l’attaque iranienne semblait plus « de façade » qu’autre chose et avoir été menée en prenant le soin de prévenir la cible et ses alliés, la vraie interrogation résidait dans la réponse israélienne, la doctrine stratégique de l’état hébreu étant de ne jamais laisser le dernier mot à l’ennemi. Si Israël a suivi sa doctrine, la riposte effectuée, contre l’avis des Américains, a donc été faite de manière à éviter une nouvelle escalade des tensions. « L’incident » semble donc clos, les Iraniens minimisant dans le même temps l’impact de la réponse israélienne qui avait été soigneusement ciblée et mesurée.
Pas de quoi néanmoins donner du baume au cœur des marchés financiers, qui après un bon début d’année, cherchent des raisons pour consolider. Les tensions géopolitiques et l’augmentation récente des taux n’y faisant rien, Jerome Powell est donc venu mettre son (petit) grain de sel. Après le pivot dovish de décembre, voici le pivot hawkish d’avril… Le président de la Fed a, en effet, indiqué que les récents chiffres d’inflation aux États-Unis n’avaient pas apporté la confiance nécessaire dans le retour de l’inflation vers la cible des 2%. Ainsi « il faudra probablement plus de temps que prévu pour atteindre ce degré de confiance ». Si les derniers chiffres macroéconomiques ne lui donnent naturellement pas tort, avec un tel changement de discours en seulement quelques mois, qui plus est de la part du président de la plus importante banque centrale, on peut légitimement se demander s’il y a un pilote dans l’avion tant les banquiers centraux donnent l’impression de naviguer à vue. La fameuse « data dependence » est finalement devenue un bel alibi. La publication des ventes au détail américaines pour le mois de mars ne devrait pas apporter une meilleure visibilité. Bien qu’étant un indicateur retardé, elles ont confirmé la résilience de l’économie américaine sur le premier trimestre avec une consommation qui reste solide. Les ventes au détail ont, en effet, largement dépassées les attentes du consensus alors que les données étaient plutôt mal orientées sur les derniers mois.
Le revirement de ton de Jerome Powell a donc maintenu la pression à la hausse sur les taux américains qui traitent désormais sur les niveaux de début novembre. Relativement immunes jusque-là, les marchés actions ont enfin marqué le pas. Il faut dire que voir les marchés actions américains en hausse de quasiment 10% alors que les taux à 10 ans avaient repris 70 bps (+80 bps à date) depuis leurs plus bas de fin décembre pouvait sembler contre-intuitif. A la veille de leur publication de résultats, les « Magnificent 7 » (Microsoft, Apple, Nvidia, Alphabet, Amazon, Meta and Tesla) ont abandonné près de 8% la semaine dernière. Ceux-ci s’annoncent donc cruciaux pour espérer un rebond des marchés qui pourraient, dans le cas contraire, corriger plus fortement.
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