Après Pfizer et Moderna, qui ont annoncé ces derniers jours des taux d’efficacité records pour leur vaccin basé sur la technologie de l’ARN messager, AstraZeneca a également dévoilé ce matin les résultats concluants de son candidat vaccin, avec une efficacité de 70%. Si ces résultats sont moins probants que ceux des deux laboratoires américains, la technologie utilisée par la firme anglaise est plus traditionnelle, ce qui rend(ra) probablement le vaccin moins coûteux et plus facilement stockable (voire davantage acceptable par une partie de la population qui pourrait avoir des craintes sur la technologie de l’ARN messager). S’ouvre maintenant l’étape des autorisations par les autorités sanitaires compétentes avant la mise sur le marché. Pfizer a ouvert le bal vendredi avec une demande d’autorisation auprès de la FDA (agence américaine des médicaments), qui devrait, avec un processus accéléré, rendre son verdict d’ici mi-décembre, permettant ainsi d’administrer les premiers vaccins avant la fin de l’année. Si la mise en œuvre d’un ou plusieurs vaccins à un horizon de quelques mois ne fait maintenant que peu de doute, ce qui continue de soutenir les actifs risqués, la situation à très court terme reste dégradée, notamment aux Etats-Unis où la fin d’année pourrait être agitée.
En effet, la situation sanitaire outre-Atlantique se dégrade de façon inquiétante, revenant sur les niveaux du mois de mai (200 000 nouvelles contaminations pour 2 000 décès sur les derniers jours), alors que les américains se préparent pour la fête de Thanksgiving, propice aux regroupements familiaux, ce qui pourrait être un facteur de propagation supplémentaire. Les mesures de restriction ont donc fait leur retour dans plusieurs Etats, comme en Californie qui impose désormais un couvre-feu. La majorité des Etats ont (enfin) imposé le port du masque dont certains Etats républicains, initialement hostiles à cette mesure. Outre la problématique sanitaire, le blocage politique demeure. Donald Trump n’a toujours pas reconnu la victoire de son adversaire et, si ses recours semblent voués à l’échec, ils compliquent la transition avec l’administration de Joe Biden et notamment la validation d’un nouveau plan de relance budgétaire. De ce côté-là, Steven Mnuchin, le secrétaire du Trésor a annoncé qu’il ne souhaitait pas prolonger plusieurs programmes d’aide au-delà du 31 décembre, notamment les aides pour améliorer et étendre l’assurance chômage, et a demandé à la Fed de restituer les sommes allouées par le Congrès et non utilisées, ce que la banque centrale a immédiatement critiqué, d’autant plus que certaines données économiques publiées commencent à marquer le pas. Ainsi, les inscriptions au chômage sont reparties à la hausse et l’emploi américain commence à atteindre un plateau, alors que de nombreux américains, après l’arrêt du mécanisme supplémentaire d’indemnisation en juillet, vont perdre la totalité de leur droit en fin d’année. Dans le même temps, les ventes au détail, indicateur de la consommation américaine, sont ressorties en nette décélération sur le mois. Si le bout du tunnel n’a jamais été aussi proche, il ne faudrait pas faire une sortie de route avant.