Si la fermeture plus ou moins totale des économies avait été suivie, dans un premier temps, par un fort rebond de la croissance, la tendance depuis quelques semaines était clairement au ralentissement. Pire, les PMI s’étaient retournés au cours du mois d’août en Europe et la publication des indicateurs d’activité préliminaires pour le mois de septembre a confirmé la faiblesse de la zone euro. Le PMI composite est ainsi ressorti largement sous les attentes à 50.1 (contre 51.9 attendu à l’équilibre par rapport au mois précédent), ce qui se traduit par une croissance de l’activité du secteur privé quasiment à l’arrêt. Ce chiffre marque cependant une grande disparité entre pays et secteurs d’activité. L’accélération de l’épidémie et les nouvelles mesures de restriction ont en premier lieu impacté les services où l’activité est ressortie en contraction (47.6 contre 50.5 le mois précédent). A l’inverse, le secteur manufacturier, moins sensible à court terme à la prudence des ménages, continue d’afficher une bonne dynamique. Le PMI manufacturier de la zone ressort ainsi à 53.7, un plus haut de près de deux ans, grâce notamment à l’accélération de la demande étrangère. Cependant, le rebond de l’activité reste essentiellement concentré sur l’Allemagne. L’augmentation du nombre de cas de Covid-19 en Europe et le risque, de plus en plus présent, d’une deuxième vague qui forcerait les gouvernements à renforcer les mesures sanitaires sont donc de nature à mettre un sérieux coup de frein à la croissance du quatrième trimestre. Heureusement le plan de relance européen est là … enfin pas tout à fait puisque vendredi la Hongrie et la Pologne ont refusé de valider une décision qui aurait permis de lancer officiellement le processus de ratification par les parlements nationaux. Déjà acquis dans la douleur, sa mise en œuvre s’en trouve retardée.
Aux Etats-Unis, malgré le signal d’alarme lancé par Jerome Powell devant le Congrès, la situation de blocage continue sur la validation d’un nouveau plan de relance alors que de nombreuses aides risquent de se terminer dans les prochaines semaines pour les entreprises et les ménages dont les fameuses allocations chômage exceptionnelles qui avaient permis une importante hausse du revenu disponible. Bel exemple d’un blocage politique à un mois des élections où les positions des deux camps sont dures à concilier. Les Démocrates ont déjà accepté de réduire de 1 000 milliards de dollars leur proposition, l’amenant à 2 400 milliards de dollars, mais celle-ci reste encore très éloignée des 1 300 milliards voulus par le camp Républicain. Si la situation venait à se prolonger, 380 milliards de dollars pourraient néanmoins être réalloués par le Congrès.
Si la correction sur les marchés financiers (-10% sur le S&P) est de nature à détendre les valorisations et peut offrir quelques opportunités, la prudence est selon nous de mise pour les semaines à venir. En effet, si le retour à un confinement strict est un enjeu politique majeur tant les dommages économiques sont importants, l’augmentation rapide du nombre de cas reste source d’incertitude tout comme les élections américaines et les négociations sur le Brexit.