Nos Rendez-Vous du Lundi

Attention à ne pas tuer dans l’œuf la reprise européenne

Rédigé par Thomas GIUDICI | 24 juin 2024 16:49:22

Après avoir mangé son pain noir au cours du dernier trimestre de l’année dernière, la croissance européenne montrait, comme attendu, de faibles signes de réaccélération depuis le début de l’année. La publication des indicateurs d’activité de la zone euro pour le mois de juin nous a néanmoins rappelé la fragilité de cette reprise et le peu de marge de manœuvre disponible.

Les indices PMI sont ainsi assez largement ressortis sous les attentes du consensus et en baisse notable par rapport au mois précédent. Le PMI composite de la zone euro s’établit ainsi à 50.8, en très légère zone d’expansion (i.e. supérieur à 50), contre 52.2 le mois dernier (cf. graphique de la semaine). Le secteur des services a porté la croissance et permet d’éviter de peu la contraction. Le secteur manufacturier reste en effet assez déprimé avec un indice PMI au plus bas depuis six mois. C’est le quinzième mois consécutif de baisse de la production manufacturière, qui fait face à la faiblesse des nouvelles commandes et des commandes à l’exportation. Deux pays pénalisent tout particulièrement la zone. En premier lieu on retrouve l’Allemagne et son secteur manufacturier toujours aussi déprimé. Outre la baisse de la demande, le moral des chefs d’entreprises est probablement également impacté par le regain des tensions avec la Chine dont le pays est particulièrement dépendant. On a tendance à l’oublier mais la guerre commerciale avec le pays du soleil levant n’est pas l’apanage des États-Unis et de Donald Trump. Les tensions commerciales entre l’Union Européenne et la Chine ont, en effet, augmenté d’un cran après la décision de l’Europe d’une hausse des droits de douane à venir sur les importations de véhicules électriques. La réponse de Pékin ne s’est pas fait attendre avec l’ouverture d’une enquête anti-dumping sur les importations de porcs européens et la volonté des professionnels automobiles chinois de cibler les grosses cylindrées à moteur thermique en représailles. Présent sur place, le ministre allemand du commerce (et vice-chancelier), Robert Habeck, a essayé tant bien que mal de désamorcer la situation alors que la Chine représente pour certains constructeurs allemands presque 40% des volumes. Le deuxième pays n’est autre que la France. Assez logiquement, les incertitudes liées à la situation politique pénalisent les perspectives d’activité des directeurs d’achats. Du point de vue des marchés financiers, aucun des scénarios actuellement sur la table ne semble réellement favorable à un retour en grâce des actifs français. Actuellement, la question est donc plus de savoir si la correction observée sur les actions françaises intègre totalement la probable première place (majoritaire ou relative) du Rassemblement National.

Il sera intéressant d’observer la communication de la BCE lors de sa prochaine réunion de politique monétaire de mi-juillet. Si l’institution est bien entendu neutre et indépendante, qui plus est dans le cadre d’une zone hétérogène (contrairement aux États-Unis), elle devrait faire mention de ces incertitudes et des risques baissiers que cela implique. De quoi mettre de l’eau au moulin des partisans d’une réduction des taux directeurs.

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