Les dernières années que nous venons de connaître sont le parfait exemple, s’il en était besoin, du fait que l’art de la prévision boursière est un jeu bien difficile. Covid-19, guerres en Ukraine et au Proche-Orient, tensions sino-américaines,… sont autant de facteurs exogènes, par nature impossibles à prédire, qui façonnent le contexte économique actuel et sont les causes directes du nouvel environnement de taux dans lequel nous nous trouvons. Et que dire de certains mouvements extrêmes de marché, comme celui que nous venons de connaître sur les taux d’intérêt, qui rendent obsolètes, en quelques semaines seulement, la plupart des prévisions économiques pour 2024 des principales institutions de la place ? Par ailleurs, les prochaines années seront impactées par le retour en force des populismes, le phénomène de démondialisation voire de dédollarisation ou encore par les tensions climatiques et migratoires.
Si la thématique inflation / banques centrales devrait naturellement perdurer en 2024, cette nouvelle année ne pourra pas faire fi, à nouveau, des risques (géo)politiques tant les sujets sont nombreux aux quatre coins du globe. Au Moyen-Orient tout d’abord, où l’on pensait le conflit assez circonscrit mais qui pourrait finalement avoir plus de répercussions sur l’économie qu’initialement anticipé : les tensions en mer rouge sont en effet montées d’un cran au cours des derniers jours avec l’entrée d’un navire de guerre iranien dans la zone, ravivant les craintes d’une extension du conflit, au lendemain de frappes américaines sur trois navires houthistes, en riposte à des attaques sur le transporteur Maersk, dans le cadre de la force navale multinationale chargée de protéger les navires dans la zone. Si plus d’une centaine de navires ont déjà modifié leur trajet via le cap de Bonne-Espérance, la solution n’est pas optimale en rallongeant la route d’au moins 6 500 kilomètres. Si les chaînes d’approvisionnement ont appris du dérèglement à la suite de la crise sanitaire du Covid, les prix du fret entre l’Asie et l’Europe ont déjà commencé à flamber et la situation pourrait s’aggraver avec des conséquences directes sur l’inflation. La mer Rouge concentre en effet 12% du commerce mondial et 30% du trafic de containers.
Passée un temps au second plan, la guerre en Ukraine revient également sur le devant de la scène avec l’intensification récente des bombardements. Si l’hiver, pour l’heure relativement clément, et des stocks de gaz au plus haut nous ont fait oublier les craintes de pénurie de l’hiver dernier, l’Europe reste encore dépendante du gaz russe. Un nouvel embrasement des prix de l’énergie n’est donc pas à exclure en cas d’intensification du conflit. Du côté de la Chine, les tensions avec Taïwan ne risquent pas de baisser cette année. Le président Xi Jinping a, en effet, profité de son discours du nouvel an pour rappeler son vœu d’annexion, militant pour une Chine « sûrement réunifiée ». Enfin, 2024 sera également une année d’élection avec la moitié de la population mondiale qui changera de dirigeants. A Taïwan, en Inde, en Europe, avec l’enjeu de la progression des partis eurosceptiques, au Royaume-Uni et enfin aux États-Unis avec le probable match retour entre Joe Biden et Donald Trump. Le candidat républicain, en tête dans les sondages, a pourtant vu un deuxième État invalider sa participation à la primaire républicaine mais son retour ne semble dorénavant plus impossible. Les marchés semblent presque ignorer, à ce stade, ces considérations. Aussi, ne boudons pas notre plaisir !
Ce premier rendez-vous du lundi de l’année est aussi l’occasion de vous souhaiter une belle et heureuse année 2024.
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