Les marchés financiers continuent d’alterner entre phases d’euphorie et de stress, tiraillés, d’une part, entre les craintes d’une ré-accélération de l’épidémie et l’incertitude que cela engendre sur les scénarios macroéconomiques et, d’autre part, la reprise (logique) des indicateurs d’activités en glissement mensuel associée au soutien indéfectible des autorités monétaires et gouvernementales.
Au niveau sanitaire, si la situation semble toujours globalement sous contrôle en Europe et en Chine malgré la résurgence de quelques clusters, la situation aux Etats-Unis se dégrade rapidement, avec une contagion qui progresse dans 30 dans 50 Etats du Pays. La situation est très disparate en fonction des Etats américains mais le nombre de nouveaux cas, au niveau global, n’a jamais été aussi élevé, obligeant certains Etats à rétablir des mesures de restriction. Ces éléments sont de nature à peser sur la rapidité de reprise de l’économie américaine, la confiance des consommateurs américains restant par ailleurs très dégradée. L’indice de l’Université du Michigan, publié pour le mois de juin, peine à rebondir et reste sous les attentes (78.1 contre 79.2 attendu). Sur le front de l’emploi, les inscriptions hebdomadaires, bien qu’en baisse, sont ressorties supérieures aux attentes (1.48M contre 1.32M attendues et 1.54M la semaine précédente) et confirment que la décrue du chômage sera longue.
De la situation américaine dépendra en grande partie la croissance mondiale, revue la semaine dernière à la baisse par le FMI. En deux mois, les prévisions de l’institution pour 2020 sont passées de -3% à -4.9% et le rebond pour 2021 ramené de 5.8% à 5.4%. La croissance pourrait même tomber à 0.5% en 2021 en cas de deuxième vague marquée. Le FMI justifie ces révisions à la baisse par « un impact plus négatif qu’anticipé » du Covid-19 sur le premier semestre de cette année et « une reprise qui devrait être plus graduelle que prévue auparavant ». L’institution a également alerté sur le « décalage apparent entre les marchés financiers et les perspectives économiques » faisant craindre une « correction des prix des actifs à risque si l'attitude des investisseurs changeait, menaçant la reprise ».
Si l’analyse fondamentale de la situation, comme le font les différents instituts, ne permet pas d’être réellement optimiste, les marchés financiers semblent au contraire acheter la moindre baisse, empêchant toute nouvelle correction significative. L’effet TINA (There Is No Alternative), induit par la hausse illimitée des bilans des banques centrales, semble en effet beaucoup trop fort. Si elles n’ont pas fait disparaître le risque de défaillances, les banques centrales ont tué le « taux sans risque », laissant la voix libre à la recherche effrénée de rendement. Dernier exemple en date, la nouvelle émission à 100 ans de l’Autriche au taux attractif de 0.88%. Trop attractif peut être… l’obligation a déjà pris plus de 10% et traite maintenant à 0.70%.