Comment pouvait-il en être autrement ? Entre la baisse significative du pouvoir d’achat (-3.9% en mai aux Etats-Unis en termes réels) et le resserrement des conditions de financement dans le sillage des hausses de taux des banques centrales, la croissance montre enfin des signes d’essoufflement. Il peut paraître paradoxale de s’en réjouir… Pourtant, il s’agit d’une bonne nouvelle pour les marchés qui espèrent que ce ralentissement sera à même de calmer les tensions inflationnistes et de desserrer l’étau du resserrement monétaire en cours.
Aux Etats-Unis, les indicateurs d’activité pour le mois de juin montrent clairement un ralentissement de la croissance avec des surprises à la baisse. Le PMI composite retombe ainsi sur un plus bas de cinq mois (51.2 contre 53 attendu et 53.6 le mois précédent) tiré par la baisse, du même ordre, dans les services mais surtout par le ralentissement plus marqué dans le secteur manufacturier, où la composante production passe en phase de contraction et signe un plus bas de 24 mois. La faiblesse de la demande dans le secteur manufacturier commence enfin à se ressentir dans les prix avec une baisse dans les prix des intrants et les prix de vente. En zone euro, les indicateurs d’activité renvoient globalement la même image. L’indicateur composite pour le mois de juin ressort sur un plus bas de février 2021 avec, comme aux Etats-Unis, une composante production dans le secteur manufacturier en phase de contraction, une première également depuis deux ans.
Si le contexte international reste encore source d’incertitude, notamment du fait de son impact sur les prix énergétiques, le sentiment sur les marchés financiers semble néanmoins s’être légèrement retourné la semaine dernière. Focalisés sur le risque inflationniste, les investisseurs considèrent désormais tout signe de baisse de la croissance comme une bonne nouvelle, quitte à passer par la case récession si tant est qu’elle reste mesurée. D’ailleurs, les membres du FOMC s’en cachent de moins en moins, tout comme la directrice du FMI qui s’est dite « consciente que la voie est étroite pour éviter une récession aux Etats-Unis ».
Dans le même temps, si l’enquête de l’Université du Michigan pour le mois de juin est venue confirmer le défaitisme des ménages américains, la baisse de leurs anticipations d’inflation à long terme de 3,3% à 3,1%, qui reviennent ainsi dans la fourchette historique, est venue mettre de l’eau au moulin dans le sentiment d’accalmie de l’inflation, tout comme la baisse de plus en plus marquée des prix des matières premières. Les marchés actions ont ainsi fortement rebondi la semaine dernière, avec une baisse marquée sur les taux. Alors que nous mettions en avant la semaine dernière la forte hausse sur les taux deux ans, la tendance s’est là aussi totalement retournée, le cinq ans allemand signant la semaine dernière l’une de ses plus fortes baisses historiques… Tendance durable ? Premiers éléments de réponse attendus cette semaine avec la publication des CPI en zone euro et de l’inflation PCE aux Etats-Unis.
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